Tsinga Elobi, Yaoundé - Une chaleur accablante étreint des fondeurs d’aluminium qui s'activent dans les bas-fonds de ce quartier cosmopolite. Des odeurs âcres de métal en fusion et de fumée flottent dans l'air, accompagnant le vacarme incessant des marteaux et des soudeurs.
L'aluminium, tout comme le verre et le plastique, possède la particularité de se recycler à l'infini. Sa présence omniprésente à Yaoundé, sous forme de canettes, de vieux ustensiles ou de pièces détachées, en fait une matière première idéale pour une activité à la fois lucrative et respectueuse à "certains égards" doit-on préciser, de l'environnement.
Dans un ballet incessant, les fondeurs d'aluminium, ces artisans trient, tordent et fondent des morceaux de métal récupérés. Vieilles tôles, vieux cadres de fenêtres en alu-vitré, carcasses de réfrigérateurs, pièces de moteur ou marmites usagées, constituent la matière première de ces créations.
A l’observation, la fabrication d'une macocotte est un processus long et laborieux d’environ quatre heures. L’aluminium issu du triage est fondu dans une espèce de gros chaudron alimenté par un four artisanal à charbon dont la température avoisine les 700 degrés. Le métal liquide est ensuite nettoyé des déchets qui flottent au-dessus de celui-ci puis versé dans un moule en sable, où il prend la forme d'une marmite. Après refroidissement, la marmite est envoyée vers un atelier de polissage et est prête à être vendue. Le même processus est utilisé pour la fabrication des poêles ou des louches.
Le prix de ces ustensiles varie entre 2 000 et 15 000 francs CFA (environ 3 et 25 dollars), les rendant accessibles aux populations locales. Elles constituent une alternative économique aux marmites industrielles souvent plus chères.
Si ce métier offre une source de revenus non négligeable aux fondeurs d'aluminium, il n'en demeure pas moins dangereux. L'absence d'équipements de protection adéquats expose les travailleurs à de graves risques pour leur santé, notamment des maladies respiratoires et des brûlures graves.
La fabrication d’ustensiles de cuisine en aluminium recyclé à Yaoundé est un exemple concret de l’économie circulaire, réduisant le gaspillage et maximisant la valeur des ressources. Les artisans contribuent ainsi à préserver les ressources naturelles et à réduire l’impact environnemental de l’industrie métallurgique.
Cette activité offre également des opportunités économiques locales, créant des emplois et des revenus pour les populations marginalisées. Il est donc nécessaire d’encourager et de soutenir cet artisanat durable et inclusif, car à terme, il favorisera le développement socioéconomique de la communauté tout en préservant l’environnement, si bien sûr il est bien encadré.