Plus de 500 viols commis par les paramilitaires au Soudan depuis le début de la guerre

11:048/01/2025, mercredi
AFP
Des personnes déplacées par le conflit se préparent à monter dans un bus de Port-Soudan, dans le nord-est du Soudan, le 7 janvier 2025, pour rentrer chez elles dans la ville méridionale de Singah, dans la province de Sennar, qui a été reprise par les forces de l'armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (RSF) en novembre 2024.
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Des personnes déplacées par le conflit se préparent à monter dans un bus de Port-Soudan, dans le nord-est du Soudan, le 7 janvier 2025, pour rentrer chez elles dans la ville méridionale de Singah, dans la province de Sennar, qui a été reprise par les forces de l'armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (RSF) en novembre 2024.

Depuis le début de la guerre au Soudan en avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) sont accusées de violences sexuelles à une échelle dramatique. Sulaima Ishaq al-Khalifa, cheffe de l'unité gouvernementale de lutte contre la violence envers les femmes et les enfants, a révélé mardi à l'AFP que 554 cas de viols avaient été recensés entre avril 2023 et décembre 2024. Elle a toutefois averti que ce chiffre ne représentait qu'une infime partie de la réalité.

"Environ deux pour cent des violences sexuelles réelles sont signalées",
a estimé Mme Khalifa, expliquant que de nombreuses victimes évitent de témoigner par peur de la stigmatisation sociale. La situation est aggravée par l'isolement de certaines régions et les perturbations des communications, rendant difficile l'accès aux zones touchées.

Les autorités soudanaises ont autorisé 36 avortements légaux entre septembre 2023 et avril 2024 pour des cas de viols à Khartoum, au Kordofan et au Darfour. Dix autres avortements ont été pratiqués récemment dans l'État de Kassala, à la suite d’attaques des FSR contre des femmes déplacées. Au Soudan, l'avortement est légal en cas de viol ou lorsque la vie de la mère est en danger.

Une guerre dévastatrice pour les civils


Depuis plus de 20 mois, le Soudan est ravagé par un conflit entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée, et Mohamed Hamdane Daglo, chef des FSR.


Cette guerre a causé des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et plongé le pays dans une crise humanitaire qualifiée par l’ONU de l’une des pires de l’histoire récente.

Mardi, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a dénoncé un
"génocide"
commis par les FSR. Il a accusé les paramilitaires de cibler délibérément des femmes et des filles de certains groupes ethniques pour les soumettre à des violences sexuelles.

Condamnations internationales


En octobre, une mission de l’ONU avait déjà mis en lumière les
"violences sexuelles et sexistes généralisées"
perpétrées par les FSR, incluant des viols, des enlèvements et des cas d’esclavage sexuel. Bien que certains abus aient également été attribués à l'armée soudanaise, la majorité des crimes sont imputés aux FSR.

Les Forces de soutien rapide n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP, mais en octobre, elles avaient rejeté les conclusions de l’ONU, les qualifiant de
"propagande sur les réseaux sociaux".

Lors d’une conférence à Nairobi, un membre des FSR, Mohamad Mokhtar, avait affirmé que seuls des
"examens médicaux"
avaient été menés pour vérifier les accusations de viol dans les zones sous leur contrôle.

Alors que le conflit continue, les femmes soudanaises paient un lourd tribut. Les violences sexuelles perpétrées par les FSR soulignent la brutalité d’une guerre qui n’épargne ni les civils ni les droits fondamentaux.


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