Un commissaire européen à San Francisco pour rappeler les lois de l'UE à la big tech

La rédaction
18:5522/06/2023, Perşembe
MAJ: 23/06/2023, Cuma
AFP
Crédit photo: LIONEL BONAVENTURE / AFP
Crédit photo: LIONEL BONAVENTURE / AFP

Le commissaire européen chargé de l'application d'un nouveau texte européen sur les contenus en ligne, Thierry Breton, se rend à San Francisco jeudi pour s'assurer que les plateformes comme Facebook, Instagram et Twitter sont prêtes à le respecter.

La loi sur les services numériques (Digital Services act), qui commencera à entrer en vigueur fin août, impose une longue liste de règles aux réseaux sociaux, places de marché et moteurs de recherche, comme l'obligation d'agir
"promptement"
pour retirer tout contenu illicite ou préjudiciable dès que la plateforme en a connaissance.

Thierry Breton doit rencontrer Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook et Instagram), ainsi qu'Elon Musk, qui défend une liberté d'expression à tous crins depuis qu'il a pris la tête de Twitter l'an dernier, y compris quand les contenus sont offensants ou alimentent la désinformation.



Le responsable européen avait suggéré en mai que les plateformes concernées se soumettent à un
"audit à blanc"
avant l'entrée en vigueur du texte, sans conséquences en cas d'infraction, afin de vérifier qu'elles respectent bien les nouvelles règles européennes.

Twitter avait accepté dès avril un tel exercice et Elon Musk a souligné, dans un entretien diffusé lundi sur France 2, que son réseau
"(respecterait) la loi"
européenne destinée à lutter contre la désinformation et la haine en ligne.


Le commissaire européen prévoit aussi de rencontrer sur la côte ouest des États-Unis Sam Altman, le directeur général d'OpenAI, la start-up derrière le robot conversationnel ChatGPT qui fait sensation depuis son lancement auprès du grand public fin 2022, ainsi que Jensen Huang, le patron du fabricant de processeurs indispensables à cette nouvelle technologie, Nvidia.


L'Union européenne est actuellement en train de finaliser un projet de régulation de l'intelligence artificielle (IA), qui pourrait avoir un impact considérable sur les grandes entreprises du numérique.


"Qui sera pris pour cible?"


La loi DSA est pour sa part l'une des législations les plus ambitieuses en matière de contrôle des contenus en ligne depuis l'avènement des réseaux sociaux, avec d'importantes obligations.


Pour y répondre, Twitter, Meta, TikTok et d'autres plateformes devront investir de façon importante dans des salariés et des technologies dédiées. Juste au moment où plusieurs acteurs majeurs du secteur viennent de procéder à des licenciements massifs, y compris au sein de leurs équipes de modération.


Bruxelles a dévoilé en avril la liste de 19 très grandes plateformes en ligne et moteurs de recherche devant se soumettre à des contrôles renforcés à partir du 25 août.


Comme les règles européennes sur la protection des données (RGPD), la DSA pourrait devenir une référence dans le monde puisque de nombreux gouvernements s'efforcent de trouver des moyens de maîtriser les excès des réseaux sociaux.

"Tout va se jouer avec la première mise en oeuvre de la loi"
, estime Yoel Roth, ancien responsable de la sécurité chez Twitter, aujourd'hui chercheur à l'université de Berkeley.

"Qui sera pris pour cible et pourquoi?"
, relève-t-il auprès de l'AFP.
"Je pense que mon ancien employeur est une cible facile, mais à quoi une sanction pourrait-elle ressembler?"

Pour Yoel Roth, le principal défi pour les plateformes se jouera autour des règles sur la transparence, la nouvelle loi prévoyant qu'elles accordent aux autorités et aux chercheurs un accès sans précédent à leurs décisions de modération des contenus.

Pour l'instant, Meta limite fortement l'accès à ces données depuis le scandale de Cambridge Analytica, qui a révélé une utilisation abusive des données personnelles des utilisateurs de Facebook à des fins politiques, tandis que Twitter et Reddit ont mis en place des tarifs élevés de nature à dissuader certains chercheurs.


La DSA accorde également plus de droits aux utilisateurs estimant avoir été injustement censurés.


Les plateformes pourraient recevoir une amende pouvant aller jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires mondial en cas de non-respect de la loi, voire une interdiction pure et simple en Europe en cas d'infractions répétées.


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