Les infections fongiques, c'est-à-dire causées par des champignons, restent sous-estimées dans le monde, alors qu'elles sont associées à une mortalité très élevée. Une menace d'autant plus grande que les résistances aux traitements augmente aussi.
Au Centre national de référence des mycoses invasives et des antifongiques de l'Institut Pasteur, à Paris, les champignons sont passés au crible.
Les champignons se reproduisent par diffusion de spores microscopiques. Ces spores sont souvent présentes dans l’air et le sol, et peuvent être inhalées ou ingérées avec les aliments. Certaines levures font également partie du microbiote et sont présentes sur la peau et dans le tube digestif.
Si la majorité des spores présentes sur la peau ou inhalées dans les poumons n'ont pas de conséquence chez les personnes bien portantes, elles sont susceptibles de provoquer des infections sévères chez les patients au système immunitaire affaibli.
Cryptococcus
Ces dernières années, certaines infections fongiques ont augmenté, en raison de l'utilisation croissante de traitements affaiblissant le système immunitaire pour soigner d'autres maladies, poursuit-elle.
Parmi les espèces particulièrement problématiques, selon l'OMS, le Cryptococcus neoformans (qui peut mener dans certains cas à une méningite), le Candida auris (qui peut provoquer des infections de différents organes, en particulier cérébral) ou encore Aspergillus fumigatus (susceptible d'entraîner des maladies pulmonaires).
L'incidence et la portée géographique des maladies fongiques endémiques -restreintes à certaines zones- s’étendent dans le monde entier sous l'effet du réchauffement climatique et de l’augmentation des voyages.
Champs de tulipes
Au printemps, les centres de santé américains (CDC) ont alerté sur une augmentation des cas de Candida auris, levure émergente partout dans le monde, qui s'est propagée progressivement dans les établissements de santé du pays.
La France reste encore peu touchée par cette problématique. Mais pour prévenir l'implantation et la diffusion de cette levure dans les hôpitaux français, il est recommandé depuis cet été de réaliser un dépistage de colonisation à Candida auris sur des patients admis après une hospitalisation à l'étranger.
De plus en plus courants, les agents pathogènes sont par ailleurs davantage résistants aux traitements, sur le modèle des bactéries, qui résistent aux antibiotiques.
Cette résistance a notamment été mise en lumière aux Pays-Bas, où de grandes quantités d'antifongiques ont été épandues dans les champs de tulipes.