Pourtant, la gomme arabique du Soudan, qui représente 70% des exportations brutes mondiales, avait résisté à tout, des conflits au réchauffement climatique.
Signe que cet émulsifiant naturel est indispensable, Washington qui a imposé des années d'embargo au Soudan, lui avait accordé une exemption spéciale. Les industries agroalimentaire et pharmaceutique ne peuvent en effet pas s'en passer: sans la gomme arabique, pas de boissons gazeuses ni de chewing-gums ni de médicaments.
La majorité des combats se concentre à Khartoum, où le gros de la production est généralement centralisée avant d'être exportée, et au Darfour, dans l'ouest frontalière du Tchad, où est produite une partie de la gomme.
Si les affrontements n'ont pas gagné jusqu'ici Gedaref, près de la frontière éthiopienne, autre secteur où sont situés des champs d'acacias, ils y ont déjà changé les cours.
On a de grosses quantités à vendre, mais personne n'achète, car exportateurs et distributeurs ne trouvent plus aucun camion.
À Khartoum, de nombreux camions ont été détruits dans les tirs croisés et des routiers ont été tués, rapportent des habitants.
Et les conducteurs téméraires font face à un autre obstacle: dans les stations essence qui ne sont pas à sec, le prix du litre a été multiplié par 20.
Face aux inquiétudes sur le marché mondial, la Fédération internationale de la promotion de la gomme (AIPG) qui rassemble producteurs, importateurs et fabricants assure que:
Les entreprises ont assez de réserves importées du Soudan et d'autres pays dans ses hangars pour absorber de possibles interruptions de l'approvisionnement.
En 2022, le pays avait exporté 60.000 tonnes de gomme, selon Mostafa al-Sayyed Khalil, patron du Conseil de la gomme arabique du Soudan.
Avec la guerre, difficile de dire combien le pays exporte aujourd'hui. Difficile par ailleurs d'estimer la production réelle de gomme, selon lui.
La culture de l'acacia pourrait devenir une importante source de revenu pour des agriculteurs qui font pousser à l'ombre des gommiers cacahuètes, sorgho et millet, mais déjà avant la guerre, le cours local de la gomme était si bas que nombre d'entre eux préféraient transformer leurs acacias en charbon ou travailler dans les mines d'or environnantes.