Crédit photo: LOIC VENANCE / AFP / ARCHIVE
Le gouvernement français, contraint par la justice de fermer des zones de pêches hivernales dans l'Atlantique pour préserver les dauphins, envisage de permettre une dérogation totale pour les navires équipés de dispositifs à l'efficacité pourtant contestée par les ONG, selon un projet d'arrêté consulté jeudi par l'AFP.
Le texte, qui doit être mis en consultation publique à brève échéance, prévoit d'interdire l'usage de plusieurs types de chaluts et filets
"dans le Golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février inclus pour les années 2024 à 2026"
, compte tenu de la recrudescence d'échouages de dauphins à cette période.
Toutefois,
"pour l'année 2024, l'interdiction (...) ne s'applique pas aux navires équipés de dispositifs techniques actifs de réduction des captures accidentelles ou d'un système actif d'observation électronique à distance"
, prévoit le projet d'arrêté.
Autrement dit, il s'agit des bateaux équipés, sur la coque ou les filets, de systèmes répulsifs acoustiques ou bien dotés de programmes informatiques avec des caméras sous l'eau.
Ce projet d'arrêté fait suite à une décision en mars du Conseil d'État, saisi en 2021 par plusieurs associations de défense de l'environnement - France Nature environnement (FNE), Sea Shepherd France et l'association de défense des milieux aquatiques (DMA).
La plus haute juridiction administrative française a estimé que les mesures actuelles, dont l'expérimentation de ces dispositifs acoustiques, ne permettaient
"pas de garantir un état de conservation favorable des espèces de petits cétacés"
, dont deux - le dauphin commun et le marsouin commun - sont menacés d'extinction,
"au moins régionalement".
Le projet d'arrêté affirme que les systèmes de caméras
"sont susceptibles d’apporter une contribution significative"
à la lutte contre les captures accidentelles.
"La visibilité apportée aux professionnels de la pêche sur plusieurs années est un facteur déterminant de leur engagement à s’équiper en dispositifs techniques ou en système d'observation électronique à distance"
, justifie encore le texte dans son préambule.
"Plus d'efforts"
doivent être faits par les autorités françaises pour éviter les captures accidentelles de dauphins, avait déclaré à l'AFP en mai le commissaire européen à la Pêche Virginijus Sinkevičius.
L'observatoire Pelagis a recensé 1.380 échouages de petits cétacés entre décembre et avril dernier sur le littoral atlantique. La Commission européenne a ouvert en juillet 2020 une procédure d'infraction contre la France dans ce dossier.
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