Daniel lutte contre des crevettes d'élevage en Indonésie, Abdulaziz contre un immense oléoduc chauffé, Alex contre des mines d'or illégales. Tous ont subi, à des degrés divers, la répression ou la violence.
Le dernier comptage mondial a été publié juste avant qu'un autre défenseur de l'environnement, Juan Lopez, soit abattu à la sortie de son église au Honduras le week-end dernier. Près de 200 militants écologistes ont été tués en 2023, selon l'ONG Global Witness, la plupart en Amérique du Sud.
Voici trois histoires parmi ceux qui survivent.
En Indonésie, contre des élevages de crevettes
Les menaces ont commencé sur WhatsApp pour Daniel Frits Maurits Tangkilisan. Après s'être installé comme enseignant et agent de voyage dans les îles Karimunjawa, au large de la côte nord de Java en Indonésie, il découvre en 2017 la prolifération de fermes illégales de crevettes.
Les rejets de ces fermes tuent les algues et éloignent la faune marine, explique-t-il, tout en déplorant les poursuites judiciaires qui continuent de le viser.
Originaire de Jakarta, il contribue en 2022 à la création du mouvement #SaveKarimunjawa, qui organise des manifestations et appelle à l’adoption d’une loi interdisant les élevages de crevettes dans des zones protégées.
En décembre 2023, il est arrêté, accusé de tenir des discours haineux, avant d’être condamné en avril à sept mois de prison ferme et à une amende. Il est acquitté en appel, mais le procureur a fait appel, et la décision finale reviendra à la Cour suprême.
En Ouganda, contre un oléoduc chauffé
Deux événements ont galvanisé le jeune homme, âgé aujourd'hui de 26 ans: son entrée à l'université et la réponse du gouvernement aux manifestations pour la lutte contre le dérèglement climatique.
Avec d'autres étudiants, il a manifesté près du parlement en juillet contre le projet de gigantesque oléoduc chauffé EACOP, développé par TotalEnergies pour transporter du pétrole d'Ouganda jusqu'à l'océan Indien en traversant la Tanzanie.
Abdulaziz et plusieurs de ses camarades ont été arrêtés, inculpés de rassemblement illégal et écroués dans la prison de haute sécurité de Luzira, avant d'être relâchés en août. Lui et d'autres manifestants affirment avoir été battus par des policiers.
La police réprime souvent durement les manifestations en Ouganda, où le président Yoweri Museveni est au pouvoir depuis quatre décennies.
En Équateur, contre la déforestation et les mines illégales
Déforestation, mines illégales polluant les rivières, menaces des groupes armés... Ce leader de la communauté indigène Cofan, à la frontière entre l'Équateur et la Colombie, avait remporté une victoire juridique historique contre l'industrie minière, avec l'annulation par la justice locale de 52 concessions de mines d'or attribuées par l'État équatorien sans avoir consulté ni informé la communauté.
Il a organisé la riposte contre les chercheurs d'or, en mettant sur pied une garde indigène, des patrouilles et un système de drones de surveillance pour collecter les preuves des violations de leur territoire.