Gambie: la Cedeao approuve un tribunal spécial pour juger les crimes sous l'ex-dictateur Yahya Jammeh

10:5116/12/2024, lundi
AFP
Premier rang : Le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara (G), le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Touray (2e G), le président du Nigeria et de la CEDEAO, Bola Ahmed Tinubu (C), le président du Ghana, Nana Akufo-Addo (2e D), le président de la Gambie, Adama Barrow (D). Deuxième rang : Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo (2e à gauche), le président du Liberia, Joseph Boakai (C), le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye (2e à droite) et le président de l'Union africaine, Moussa Faki (à droite), après la séance de clôture de la 66e session ordinaire de l'Autorité des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, à Abuja, le 15 décembre 2024.
Crédit Photo : Kola Sulaimon / AFP
Premier rang : Le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara (G), le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Touray (2e G), le président du Nigeria et de la CEDEAO, Bola Ahmed Tinubu (C), le président du Ghana, Nana Akufo-Addo (2e D), le président de la Gambie, Adama Barrow (D). Deuxième rang : Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo (2e à gauche), le président du Liberia, Joseph Boakai (C), le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye (2e à droite) et le président de l'Union africaine, Moussa Faki (à droite), après la séance de clôture de la 66e session ordinaire de l'Autorité des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, à Abuja, le 15 décembre 2024.

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a annoncé dimanche la création d’un tribunal spécial pour juger les crimes commis en Gambie sous l’ex-dictateur Yahya Jammeh, réfugié en Guinée équatoriale depuis 2017. Cette décision, qualifiée d’historique, était réclamée depuis longtemps par les victimes et les défenseurs des droits humains.

Réunis à Abuja, les chefs d’État de la Cedeao ont décidé
"l’adoption des statuts du tribunal qui garantira la justice et l’établissement des responsabilités pour les graves violations des droits de l’Homme"
commises entre 1994 et 2017, selon un communiqué du ministère gambien de la Justice.

Sous le règne de Yahya Jammeh, des atrocités ont été perpétrées, notamment l’exécution de 240 à 250 personnes, des disparitions forcées, des viols, des actes de torture et des détentions arbitraires. À cela s’ajoutent des accusations d’administration forcée de faux traitements contre le sida.

Une étape vers la justice


Pour Reed Brody, de la Commission internationale des juristes, cette initiative représente un grand pas pour les victimes.
"Après des années de retard, cet accord pourrait enfin permettre aux victimes de Yahya Jammeh d’accéder à la justice",
a-t-il déclaré. Toutefois, il appelle à une mise en œuvre rapide du tribunal pour éviter que d'autres survivants ne disparaissent avant que justice ne soit rendue.

Des procès concernant des proches de Jammeh ont déjà eu lieu à l'étranger. En mai, l’ex-ministre de l’Intérieur Ousman Sonko a été condamné en Suisse à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité. En novembre 2023, Bai Lowe, ancien membre d’un escadron de la mort sous Jammeh, a été condamné à perpétuité en Allemagne pour les mêmes motifs.

En Gambie, une commission "Vérité, réconciliation et réparations" avait en 2022 recommandé des poursuites contre 70 responsables du régime, dont Yahya Jammeh. Toutefois, l’ex-président reste hors de portée en Guinée équatoriale, pays qui n’a pas d’accord d’extradition avec la Gambie.


Un défi diplomatique et politique


L’éventualité de l’extradition de Jammeh reste incertaine. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la Guinée équatoriale depuis plus de 40 ans, pourrait être réticent à livrer un ancien dirigeant.


Néanmoins, un tribunal soutenu par toute la région ouest-africaine pourrait exercer une pression diplomatique.

En Gambie, la transition démocratique demeure fragile, et Jammeh continue d’exercer une influence depuis l’exil. L’actuel président Adama Barrow avait proposé en 2023 un tribunal
"hybride",
composé de juges gambiens et internationaux, pour garantir l’équité du processus.

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