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Un participant tient une affiche de campagne montrant un portrait du chancelier allemand Olaf Scholz lors du lancement de la campagne électorale du parti social-démocrate allemand SPD à Wolfsburg, Allemagne, le 17 janvier 2025.
A Wolfsburg, berceau du groupe Volkswagen et symbole du désarroi économique allemand, Olaf Scholz a tenté vendredi, de convaincre qu'il pouvait relancer le pays lors d'un second mandat.
Kathrin Kühne a été parmi les premières à prendre place dans la salle où le parti social-démocrate (SPD) du chancelier a réuni ses supporteurs, non loin du siège du géant automobile et de son usine historique, la plus grande de Volkswagen.
Mais pour cette retraitée, qui a travaillé 27 ans chez le fabricant de la Golf -comme ses parents avant elle-, l'époque où le groupe
"nous a apporté la prospérité"
est bien révolue.
La crise qu'il traverse est
, dit la militante SPD.
Volkswagen a créé une onde de choc en Allemagne en dévoilant l'automne dernier un plan d'économie sans précédent qui va se solder par la suppression de 35.000 emplois d'ici 2030 et des coupes dans les revenus.
Kathrin Kühne veut rester positive, soulignant que l'Allemagne a
"toujours eu des hauts et des bas"
et reste un pays
La première économie européenne a annoncé cette semaine que son produit intérieur brut avait reculé l'an dernier, soit une deuxième année de récession d'affilée, du jamais vu depuis vingt ans.
Le redressement du pays et la transformation de son modèle économique sont au centre de la campagne électorale pour les élections législatives du 23 février. Les sociaux-démocrates accusent près de 15 points de retard dans les sondages sur les conservateurs menés par Friedrich Merz, favoris pour reconquérir la chancellerie.
Sergio Dodaro, 64 ans, qui a quitté le sud de l'Italie à 19 ans pour travailler dans les usines Volkswagen, assure compter sur Olaf Scholz pour "remettre ce pays sur les rails".
Cependant Jens Reineccius, patron d'un salon de coiffure dans le centre de Wolfsburg, juge que le parti de centre-gauche a sa part de responsabilité dans la crise que traversent l'Allemagne et Volkswagen.
La région de Basse-Saxe (nord-ouest), où se trouve le siège du constructeur, est un bastion du SPD. Depuis des décennies, politique et industrie se partagent le volant au sein du groupe, puisque le Land en est actionnaire à hauteur de 20%.
"Il n'est pas normal que le Land ou l'Etat mette les mains dans une entreprise industrielle"
, juge Jens Reineccius.
"Cette situation exceptionnelle qui n'existe pas dans les autres entreprises ralentit les rouages (...) Les décisions stratégiques sont toujours un peu difficiles quand il y a trop de cuisiniers autour d'une casserole"
, déplore-t-il.
Électeur traditionnel du parti libéral FDP, il confie ne plus savoir pour qui voter. Ce petit parti qui défend les entreprises et l'orthodoxie budgétaire a provoqué en novembre l'implosion de la coalition d'Olaf Scholz auquel il était allié.
Aux quelque 1.500
rassemblés à Wolfsburg, le chancelier sortant a promis de
"se battre pour l'avenir du travail et de l'emploi en Allemagne, pour une nouvelle croissance"
dans un pays angoissé par le spectre de la désindustrialisation.
Fidèle à l'histoire de son parti, il a dit vouloir défendre
avec
"un État capable d'agir, un État qui est là pour tout le monde et pas seulement pour ceux qui peuvent se le permettre"
, critiquant vertement les baisses d'impôts promises par les conservateurs, qui profiteront
Il a appelé à
dans le virage de l'industrie automobile vers les technologies électriques, que le parti conservateur juge trop rapide.
Sans susciter un grand enthousiasme chez les militants, qui ont pour la plupart quitté la salle dès la fin du discours. Ni dans le centre-ville, où l'événement passait quasiment inaperçu.
Croisé dans la rue, Peter Harweg, 51 ans, renvoie gauche et droite dos à dos:
"la CDU était au pouvoir pendant 16 ans avec (Angela) Merkel. Qu'avons-nous fait en 16 ans ?"
, interroge cet employé d'un sous-traitant automobile.
"Personne n'a vraiment de plan"
, regrette-t-il.
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