Des forces tunisiennes ont dénoncé le décret-loi n°2022-55 du 15 septembre 2022 portant modification de la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et aux référendums émis par le chef d’Etat, qui, selon elles, n’a pas dialogué avec les partis et la société civile.
Selon le premier article du décret présidentiel, les électeurs sont appelés le samedi 17 décembre aux urnes pour élire les membres de la Chambre des représentants du peuple.
Les électeurs résidant à l'étranger choisiront leurs élus les jeudi, vendredi et samedi 15, 16 et 17, 2022.
En effet, cinq partis tunisiens ont annoncé leur boycott des élections législatives. Il s’agit du Parti républicain, le Parti travailliste, le Pôle démocratique moderniste, le Courant démocrate et le Forum démocratique pour le travail et les libertés, dans la capitale, Tunis.
Dans une ancienne déclaration accordée aux médias, le secrétaire général du Parti républicain, Issam Chebbi, a souligné que "
ces élections sont la dernière étape de l'agenda politique que Saied a tenté d'imposer après son coup d'État contre la Constitution et la légitimité".
Selon lui,
"la Tunisie n'est pas sur la voie électorale, exprimant en ce sens son rejet de cette voie qu’il a qualifiée de putschiste’’.
Le SG du Parti républicain a également rappelé que
"75 % des Tunisiens n'ont pas participé au référendum, la Constitution que Saied a imposée par la force du fait accompli est tombée donc politiquement, moralement et électoralement".
Interrogé par l’Agence Anadolu sur la situation en Tunisie, l’activiste et analyste politique Sleheddine Jourchi a expliqué que l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a choisi l’escalade, en raison de l’instabilité sociale et politique qui règne dans le pays, mettant en garde contre un gouvernement
.
‘’La centrale syndicale a annoncé un bras de fer avec le gouvernement et la présidence. D’ailleurs, ce qui se passe dans différentes régions à travers le pays est témoin de cette crise économique aggravée par l’instabilité politique. Nous risquerons de vivre le pire, les jours à venir. Des manifestations massives seront organisées à travers le pays’’
, a-t-il indiqué.
A propos les éventuels changements au niveau de la scène résultant des élections, Jourchi a affirmé que ‘
’90% des parties de l’opposition cherchent à isoler politiquement le chef de l’Etat. Alors que les Tunisiens ne cessent d'appeler au départ de Kais Saied’’.
‘’Je ne pense pas que ces élections réussiront à faire sortir le pays du gouffre. Il ne s’agit plus d’événement national. C'est devenu ''une affaire présidentielle''. Il est évident que cette période enregistrera une escalade politique et populaire’’,
a-t-il martelé.
Et notre interlocuteur de poursuivre,
‘’à mon avis, ces élections sont un véritable fiasco. Outre, l’absence de plusieurs partis politiques et la société civile, une bonne partie des Tunisiens se sent lassée par la crise économique et des conflits politiques’’.
Notons également, que depuis le coup d’envoi de la campagne électorale, dit-t-il, un contingent de candidats méconnus ont pris place. Ils manquent de maturité politique, n’ont aucun poids sur la scène politique et leurs promesses ne seront jamais tenues.
‘’C’est un Parlement de pacotille, car aucune partie ne pourrait demander des comptes ou juger le président de la République et le gouvernement. C'est un Parlement unilatéral’
’, a conclu Sleheddine Jourchi.
1058 dossiers de candidature pour les législatives dont 122 femmes et 936 hommes ont été acceptés, selon l'ISIE. En effet, 161 députés seront élus à l’Assemblée des représentants du peuple. Deux semaines après, les Tunisiens connaîtront la deuxième figure du pouvoir après une séance plénière sous la Coupole du Bardo.
Ce scrutin uninominal qui réduit, entre autres, la présence de partis politiques sera organisé dans des 151 circonscriptions en Tunisie et dans 10 autres à l’étranger.