Le bâtonnier de l'ordre des avocats tunisiens Hatem Miziou (C) s'exprime devant le palais de justice de Tunis le 16 mai 2024, lors d'une manifestation d'avocats contre le président du pays suite aux récentes arrestations de confrères.
Des centaines d'avocats et défenseurs des droits ont manifesté jeudi à Tunis pour protester contre deux arrestations musclées de confrères et l'agression de l'un d'eux alors qu'il était en détention, selon des journalistes de l'AFP.
"Liberté! L'État policier, c'est du passé",
ont notamment scandé les avocats vêtus de leurs robes noires, en référence à la Révolution de 2011 qui a renversé en Tunisie le dictateur Zine El Abidine Ben Ali.
"Ni peur ni terreur, le pouvoir est aux mains du peuple", "l'avocat ne se laisse pas rabaisser",
ont-ils aussi lancé, lors d'un rassemblement devant le Palais de justice et un défilé dans les rues adjacentes.
"Lâchez la presse",
ont réagi des avocats et des représentants de la société civile venus les soutenir, après l'interdiction faite aux médias d'entrer dans la cour du Palais.
Les avocats se mobilisent également à travers une grève générale depuis l'arrestation musclée samedi de leur consœur et chroniqueuse Sonia Dahmani alors qu'elle s'était réfugiée dans un bâtiment de l'Ordre des avocats. Lundi, cela a été au tour de son collègue Mehdi Zagrouba d'être emmené de force alors qu'il se trouvait dans ces locaux.
L'avocat a été hospitalisé en urgence dans la nuit de mercredi à jeudi, après avoir été frappé en détention et s'être évanoui, selon des avocats. Le président de la Ligue de défense des droits de l'homme Bassem Trifi a constaté
"avec le bâtonnier et des confrères des traces évidentes de violence et torture sur son corps".
"La Maison de l'avocat est située sur le sol tunisien et n'est pas soumise à un régime territorial afin que quiconque puisse s'y cacher",
a déclaré le président Kais Saied pour justifier les deux irruptions policières.
Les arrestations ont été menées
"dans le plein respect de la loi tunisienne qui garantit l'égalité et le droit à un procès équitable",
a-t-il affirmé, selon une vidéo diffusée par ses services.
M. Saied, qui jouit des pleins pouvoirs depuis un coup de force le 25 juillet 2021, a affirmé que
"personne n'est au-dessus de la loi".
L'Union européenne, les États-Unis et la France ont protesté contre la récente vague d'arrestations qui a touché aussi deux chroniqueurs connus et des responsables d'associations d'aide aux migrants. Des critiques que M. Saied a fustigées dans une autre vidéo dénonçant une
"ingérence étrangère inacceptable".
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