Dans le froid humide de décembre, un bus bleu s'arrête aux abords du centre-ville de la station balnéaire anglaise de Weymouth. Une poignée d'hommes en descendent, soulagés de quitter pour quelques heures leur "prison", la barge à quai où ces demandeurs d'asile sont hébergés depuis plusieurs semaines.
Hasan James, un Nigérian de 38 ans, a pris cette navette qui relie toutes les heures l'embarcation "Bibby Stockholm", située dans une zone interdite au public du port de Portland, à Weymouth, située à 20 minutes de là, sur la côte du Dorset (sud de l'Angleterre).
Emmitouflé dans une grosse parka et un bonnet sur la tête, détaillant les fouilles, les passages au scanner de détection, la nécessité de s'identifier quand on sort, quand on rentre, il témoigne:
Nous avons une liberté de mouvement limitée. C'est comme la sécurité dans les prisons.
Avant que les autorités ne l'envoient ici il y a un mois, Hasan James, arrivé au Royaume-Uni avec un visa de tourisme aujourd'hui expiré, vivait dans un hôtel à Londres.
Les premiers sont montés à bord en août dernier, mais ont été débarqués quelques jours plus tard après une contamination dans le réseau d'eau. Revenus depuis octobre, ils étaient environ 200 en novembre.
Lodman, un Iranien de 50 ans, est arrivé il y a deux semaines. Lui non plus ne se plaint pas de sa chambre ou de la nourriture, mais du fait d'être quasi-confiné, loin de tout.
C'est vraiment dur, comme une prison. C'est déprimant.
"Respirer"
À Portland, devant les barrières empêchant l'accès au port, on peut encore voir des fleurs et des messages destinés à cet homme, un Albanais de 27 ans, selon les médias britanniques.
Sur un des messages, on peut lire:
Nous nous battrons jusqu'au bout pour faire cesser cette inhumanité.
Si Hasan James ne connaissait pas ce résident, il s'inquiète:
Certains commencent à souffrir de problèmes psychologiques.
Au milieu des passants qui achèvent leurs courses de fêtes de fin d'année, ces hommes désœuvrés ne passent pas inaperçus.