Crédit Photo : FABRICE COFFRINI / AFP
Selon une porte-parole de Nestlé France, les chefs d'inculpation sont "homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie".
Nestlé France a annoncé vendredi son inculpation dans l'enquête sur les pizzas Buitoni contaminées à la bactérie E.coli suspectées d'avoir provoqué la mort de deux enfants, un scandale qui a durablement plombé le marché des pizzas surgelées.
Les pizzas sont aussi suspectées d'avoir rendu malades des dizaines d'enfants, avec la crainte de séquelles aux reins par exemple.
Une filiale exploitant l'usine de Caudry (nord de la France), où les pizzas avaient été fabriquées, et Nestlé France ont été inculpés
"respectivement les 2 et 4 juillet derniers"
, selon un communiqué de l'entreprise.
Selon une porte-parole de Nestlé France, les chefs d'inculpation sont
"homicide involontaire, blessures involontaires et tromperie"
. Le parquet de Paris, sollicité par l'AFP, n'était pas joignable dans la matinée.
Depuis Saint-Jean-de-Luz (sud-ouest), Jennifer, mère de la petite Elea, aujourd'hui âgée de cinq ans, s'est dite
de cette inculpation. Elle attend
un procès:
"Je veux que Buitoni soit reconnu coupable, je me suis battue pour que ma fille ait un avenir et au cas où elle aurait des problèmes rénaux à l'avenir."
Sa fille figurait
"parmi les 15 enfants les plus touchés"
et avait été hospitalisée près de trois semaines, a-t-elle expliqué à l'AFP vendredi.
"Il s'agit d'une étape cruciale dans la compréhension de l'origine de ce drame. (...) Nous ne pouvons qu'espérer que la mise en examen (inculpation, ndlr) de Nestlé incitera vivement les grands groupes agroalimentaires à renforcer considérablement les contrôles internes afin de garantir la sécurité alimentaire des consommateurs"
, a réagi auprès de l'AFP l'avocat Pierre Debuisson, qui représente une soixantaine de victimes.
François Lafforgue, avocat de l'association de défense des consommateurs Foodwatch France, a réagi de son côté:
La justice pénale avance enfin dans cette affaire aux conséquences dramatiques, nous espérons que cela contribuera à dégager toutes les responsabilités, quelles qu'elles soient.
En parallèle de la procédure judiciaire,
"un accord d'indemnisation a été passé avec une soixantaine de familles et des discussions sont toujours en cours avec d'autres"
, a déclaré à l'AFP une porte-parole de Nestlé France.
"Cette démarche amiable a pour objectif d'apporter un soutien immédiat aux familles",
a-t-elle ajouté.
Les autorités françaises avaient été alertées en février 2022 par une recrudescence de cas d'insuffisance rénale chez des enfants, liés à une contamination par la bactérie E. coli.
La plupart des enfants présentaient un syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui se traduit généralement par une insuffisance rénale aiguë et de graves problèmes sanguins, avec comme conséquences potentielles un coma ou la mort.
Un lien a été rapidement établi par les autorités sanitaires avec la consommation de pizzas par les enfants. Nestlé avait rappelé ses produits Fraîch'Up et fermé les deux lignes de production de son usine du nord de la France.
La filiale française du leader mondial de l'agroalimentaire Nestlé avait avancé
"une contamination de la farine"
comme explication
de la présence de la bactérie sur ses pizzas.
Selon la préfecture, des inspections sanitaires ont mis en évidence
"la présence de rongeurs"
et le
"manque d'entretien et de nettoyage des zones de fabrication".
Le scandale a durablement terni l'image de l'industriel et des pizzas surgelées.
Un an après l'affaire, Nestlé a annoncé la fermeture définitive de cette usine, qui avait partiellement redémarré quelques mois plus tôt, évoquant la chute des ventes.
L'entreprise a revendu le site en février 2024 à la société italienne Italpizza, qui a expliqué vouloir redémarrer la production à l'automne 2024.
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