Après 14 ans dans l'opposition, le Labour (centre gauche) se trouve en position de force à cinq semaines des élections et son chef Keir Starmer, un ancien avocat spécialisé dans les droits humains, apparaît comme le grand favori pour prendre la tête du gouvernement.
Depuis, cet ancien banquier et ministre des Finances sillonne son pays à un rythme frénétique mais a connu un début de campagne difficile, marqué par l'annonce des législatives sous une pluie battante ou par une visite à Belfast dans le quartier Titanic, attirant inévitablement des comparaisons avec le naufrage du célèbre paquebot...
Une nouvelle phase de la campagne s'ouvre avec la dissolution officielle du Parlement élu en 2019, à l'issue d'élections remportées par un Boris Johnson triomphant face au très à gauche Jeremy Corbyn.
Quel que soit le résultat, ces législatives s'annoncent comme la fin d'une époque au palais de Westminster après 14 ans de domination des conservateurs.
Certains élus de la majorité ont choisi de jeter l'éponge face à des sondages calamiteux. D'autres, de tous bords, préfèrent se reconvertir ou consacrer plus de temps à leur famille, épuisés par des années plombées par le Brexit, les scandales politiques de l'ère Boris Johnson et généralement une hostilité croissante du public.
Parmi les Tories qui se représentent, certains n'ont pas caché leur agacement d'avoir été pris au dépourvu. Steve Baker, le secrétaire d'Etat chargé de l'Irlande du Nord, a maintenu ses vacances en Grèce, expliquant qu'il y préparerait sa campagne.
Pour tenter de redresser la barre, Rishi Sunak espère gagner des points au cours des débats prévus avec Keir Starmer, le premier étant prévu mardi soir sur la chaîne de télévision ITV.
Il a pour l'instant surtout visé le coeur de l'électorat conservateur, plutôt âgé, en proposant un service national pour les jeunes de 18 ans ou des baisses d'impôts pour les retraités.
Le Labour cherche à profiter de la lassitude du public envers les conservateurs, victimes de leurs incessantes querelles internes, associés au déclin des service publics - notamment de santé - ainsi qu'aux difficultés économiques des deux dernières années, avec une chute du pouvoir d'achat.
Symbole du recentrage méthodiquement opéré par Keir Starmer depuis 2020, ce parti a reçu cette semaine le soutien de 120 personnalités du patronat, autrefois vent debout contre le programme de Jeremy Corbyn.
Cette stratégie a cependant connu un premier accroc cette semaine lorsque Diane Abbott, la première femme noire élue députée et figure de la gauche britannique, a dénoncé la volonté du Labour, selon elle, de lui refuser l'investiture.
Keir Starmer a assuré que le sort de cette responsable politique, qui avait été suspendue l'an dernier pour des propos sur le racisme, n'était pas décidé. Mais le traitement réservé à cette élue très respectée de 70 ans, dont 37 en tant que députée, a suscité de vives critiques.