Report de la présidentielle au Sénégal: la communauté internationale exprime son inquiétude

La rédaction
13:175/02/2024, lundi
Yeni Şafak
Un citoyen sénégalais réagit devant une barricade en feu lors des manifestations organisées par les partis de l'opposition à Dakar le 4 février 2024.
Crédit Photo : SEYLLOU / AFP
Un citoyen sénégalais réagit devant une barricade en feu lors des manifestations organisées par les partis de l'opposition à Dakar le 4 février 2024.

À la suite de la décision du président Macky Sall de reporter l'élection présidentielle au Sénégal prévue le 25 février 2024, cela moins de 24 heures avant le lancement officiel de la campagne électorale, l'Union Africaine (UA), Etats-Unis et la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont exprimé leurs préoccupations quant aux circonstances ayant conduit à ce report.

Dans un bref communiqué, le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat
"invite les autorités nationales compétentes à organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale".

Faki a par ailleurs encouragé toutes les forces politiques et sociales sénégalaises à régler leur différend politique par
"la concertation, l’entente et le dialogue civilisé",
tout en respectant les
"principes qui gouvernent l’État de droit".

Le Bureau des Affaires Africaines des Etats-Unis aussi s'est dit
"profondément préoccupé par la perturbation du calendrier électoral présidentiel",
et exhorte, tout comme l'UA, tous les participants au processus électoral à s'engager pacifiquement pour fixer rapidement une nouvelle date afin d'aller à une élection
"libre et équitable dans les délais impartis".


Ce report qui s'annonce une semaine après le retrait de trois pays, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger, de la CEDEAO, semble mettre celle-ci face à un nouvel enjeu de gouvernance et de transparence.



Dans son communiqué publié le 3 février 2024, la CEDEAO lance un appel aux autorités sénégalaises pour accélérer le processus en vue de fixer une nouvelle date pour l'élection. Cette déclaration semble, d'une certaine manière cautionner le report des élections, même si les motifs avancés par le président sénégalais, arrivé au terme de son mandat, ne reposent sur aucune base juridique valable.



Ayant désigné comme dauphin son Premier ministre Amadou Ba, dont la candidature est contestée même au sein de la coalition présidentielle BBY, Macky Sall posait comme problématique dans son discours de report
"un différend entre le Conseil Constitutionnel et l'Assemblée Nationale"
et promettait d'engager
"un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d'une élection libre, transparente et inclusive".

Le Conseil Constitutionnel a validé 20 candidatures à l'élection prévue le 25 février et a rejeté une dizaine, y compris celle d'Ousmane Sonko, principal opposant écroué depuis juillet 2023, et de Karim Wade, fils et ministre de l'ancien président Abdoulaye Wade.

Par ailleurs, la CEDEAO a salué dans un communiqué la décision de Macky Sall
"d'avoir maintenu sa décision antérieure de ne pas briguer un autre mandat".

Pour le camp de l'opposition, cette décision de report de l'élection, qui ne trouve de fondement ni dans la constitution ni dans aucun des textes juridiques du Sénégal, n'est rien d'autre qu'un
"coup d'État constitutionnel"
.


De ce fait, l'opposition rappelle à la CEDEAO ses responsabilités, notamment celle de soutenir ses États membres dans leur démarche démocratique pour assurer une région intégrée et prospère.

Depuis dimanche, la population est descendue dans les rues pour exprimer son mécontentement, occasionnant des émeutes. L'opposition appelle à un rassemblement massif pour défendre les valeurs juridiques et politique du pays.


Il est à noter que ce n'est pas la première fois que la CEDEAO semble fermer les yeux sur les violations constitutionnelles au sein de ses États membres.


PAR MOUSSA HISSEIN MOUSSA

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