Pérou: enquête pour blanchiment sur l'actuelle présidente

16:0229/03/2023, Çarşamba
MAJ: 29/03/2023, Çarşamba
AFP
La présidente péruvienne Dina Boluarte. Crédit photo: Parquet du Pérou / AFP
La présidente péruvienne Dina Boluarte. Crédit photo: Parquet du Pérou / AFP

Le parquet péruvien a annoncé enquêter sur la présidente Dina Boluarte et son prédécesseur aujourd'hui emprisonné, Pedro Castillo, pour blanchiment présumé et financement illégal de campagne électorale durant l'élection présidentielle de 2021.

Cette enquête est une extension d'une enquête en cours visant les deux responsables ainsi que l'ex conseiller de M. Castillo, Henry Shimabukuro, pour financement illégal d'organisations politiques, blanchiment d'actifs et organisation criminelle, a précisé le parquet sur Twitter  mardi soir.


"La commission présumée de ces crimes aurait eu lieu durant la campagne électorale de Péru Libre
(gauche, ndlr)
en 2021"
, lorsque M. Castillo était candidat à la présidence et Mme Boluarte à la vice-présidence, selon le parquet.

Le procureur Richard Rojas a pris cette décision après des déclarations devant le parquet de M. Shimabukuro affirmant détenir les preuves que Mme Boluarte était au courant d'irrégularités supposées dans la collecte des fonds de campagne.

Selon des médias locaux, l'ex conseiller a fourni des enregistrements, des photographies et des copies de conversations sur la messagerie WhatsApp dans lesquels intervient Mme Boluarte.


L'annonce du parquet intervient alors que le Parlement s'apprête à débattre jeudi d'une motion de destitution visant la présidente. Son adoption est cependant improbable car elle nécessiterait 52 voix et la gauche qui l'a présentée n'en compte que 35.


Mme Boluarte, sixième des présidents du Pérou depuis mars 2018 et première femme à ce poste, est couverte par l'immunité présidentielle jusqu'à la fin de son mandat en 2026.

Depuis janvier, Mme Boluarte fait face à une autre enquête ouverte par le parquet pour
"génocide"
présumé après la féroce répression des manifestations réclamant son départ après la destitution le 7 décembre et l'incarcération de M. Castillo qu'elle a remplacé.

Depuis décembre, 49 civils ont été tués dans les affrontements ainsi que sept membres des forces de l'ordre, selon le Défenseur du peuple.  


M. Castillo, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir, a été placé en détention préventive pour 36 mois. Le parquet estime qu'il était notamment à la tête d'un réseau de corruption, de blanchiment d'argent et de trafic d'influence, constitué de son environnement familial et politique.


La destitution de M. Castillo et son remplacement par son ancienne vice-présidente avaient embrasé le pays. Ses soutiens, paysans pauvres du Sud du pays avec des origines indigènes comme lui, ont manifesté plusieurs semaines durant, bloquant routes et aéroports. Les affrontements violents avec la police ont fait 54 morts et environ 600 blessés.


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