Le chancelier Olaf Scholz a annoncé mardi aux Allemands des lendemains difficiles sur le plan financier en raison de la crise budgétaire que traverse le pays, suite à un rappel à l'ordre de la Cour constitutionnelle.
Qu'est-ce qui a déclenché la crise?
La Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays, a créé un électrochoc en annulant le 15 novembre le transfert de 60 milliards d'euros de crédits inutilisés - provenant d'un fonds spécial lié à la pandémie de Covid-19 - dans un programme prévu par le gouvernement pour financer des investissements verts stratégiques et un soutien à l'industrie.
Une catastrophe pour le gouvernement d'Olaf Scholz qui comptait sur ce tour de passe-passe pour ces financements cruciaux, tout en respectant en 2023 une règle nationale plafonnant strictement les déficits publics.
L'arrêt a semé un début de vent de panique dans l'économie nationale.
Quelles sont ces règles d'endettement ?
Berlin avait utilisé pour 2023 les crédits d'un fonds spécial prévus seulement à l'origine pour servir contre les effets de la crise sanitaire en 2021, année au cours de laquelle le plafond du frein à l'endettement était suspendu. C'est sur ce point notamment que les juges constitutionnels ont censuré le gouvernement.
Que fait le gouvernement?
Pour 2023, le gouvernement va déjà demander une nouvelle exception au plafond d'endettement, revenant sur sa promesse initiale: le déficit pour cette année va ainsi augmenter de 45 milliards d'euros.
Le gouvernement est-il menacé?
La crise budgétaire tourne à la crise politique pour Olaf Scholz et sa coalition tripartite (sociaux-démocrates, Verts et libéraux), en grand froid dans l'opinion.
Les trois partis de la coalition ne rassemblent plus que 35% des intentions de vote, très loin d'une majorité, tandis qu'extrême droite et conservateurs de l'opposition progressent.
Un responsable conservateur, le Bavarois Markus Söder, a réclamé lundi des élections anticipées, comme l'extrême droite et l'extrême gauche.
Quel avenir pour le frein à la dette?
Mais la coalition gouvernementale est très divisée. Sociaux-démocrates du chancelier et écologistes en réclament un assouplissement. Les Libéraux (FDP) du ministre des Finances, attachés à la rigueur budgétaire, y sont opposés. La majorité nécessaire des deux-tiers au Parlement pour une telle réforme paraît en l'état inatteignable.
À moins de relever les impôts, la montagne de dépenses à venir - infrastructures, défense, régimes sociaux - ne saurait être financée autrement que par un supplément d'endettement, estime-t-il.