Manche: quatre migrants meurent en tentant de gagner le Royaume-Uni, premier drame de 2024

13:1114/01/2024, الأحد
AFP
Des migrants avec des enfants, parmi les premiers en 2024 à être recueillis en mer en tentant de traverser la Manche depuis la France, au sud-est de l'Angleterre, le 13 janvier 2024.
Crédit Photo : Glyn KIRK / AFP
Des migrants avec des enfants, parmi les premiers en 2024 à être recueillis en mer en tentant de traverser la Manche depuis la France, au sud-est de l'Angleterre, le 13 janvier 2024.

Quatre migrants sont morts en France dans la nuit de samedi à dimanche, près d'une plage de Wimereux (nord) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche, le premier drame meurtrier de 2024 au large des côtes françaises.

"A ce stade, on déplore quatre migrants décédés et un migrant en urgence absolue transféré à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer"
, a indiqué la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar).

Les faits ont eu lieu vers 2h00..
"Les personnes se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre"
une embarcation déjà à l'eau, a-t-elle expliqué.

Des forces de l'ordre, à terre,
"ont signalé le départ de l'embarcation et les personnes en difficulté à l'eau"
, a ajouté la Prémar. Une
"majeure partie des naufragés ont été récupérés par les forces de l'ordre sur place".

Un remorqueur d'intervention
"qui était en patrouille dans la zone a mis son embarcation à l'eau pour aller secourir les naufragés"
et,
"à ce moment-là"
, l'équipage a
"identifié des personnes inanimées et inconscientes"
, dans une eau à 9 degrés, a poursuivi cette même source.

Les rescapés ont été conduits dans un hangar de la ville proche de Calais mis à disposition des migrants dans le cadre du plan grand froid, a constaté un journaliste.


"Foire d'empoigne"


Selon une des personnes chargées de leur accueil, qui ne souhaite pas donner son nom, environ 70 migrants y ont été amenés vers 3h00, parmi lesquels
"des familles entières avec des enfants, dont certains en bas âge".

"Certains des rescapés ne sont pas restés et nous ont dit vouloir gagner la gare de Dunkerque pour rejoindre un centre d'hébergement sur Armentières"
, à une centaine de kilomètres, a-t-elle poursuivi.

L'embarquement sur des
"long boats"
déjà à l'eau
"est le moment le plus difficile pour (les migrants) actuellement, avec une eau à 10 degrés"
, a expliqué Jean-Claude Lenoir, président de l'association Salam.

Ils sont vite victimes d'hypothermie ou de noyade.

Ces embarquements sont, selon lui,
"souvent synonymes de foire d'empoigne, sachant que les migrants veulent à tout prix monter à bord et que, restant à terre, ils redoutent d'être interpellés par la police".

Douze migrants sont morts en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon la Prémar.


Les deux derniers décès remontent au 15 décembre quand deux migrants étaient morts le même jour dans des tentatives de traversée distinctes.

Le 22 novembre, un homme et une femme étaient morts dans le naufrage de leur embarcation. Un troisième corps avait été découvert sur une plage du Pas-de-Calais quelques jours plus tard.


Le 12 août, six Afghans ont perdu la vie dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait coûté la vie à au moins 27 migrants.


Accord Paris-Londres


Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d'un centre de la Croix-Rouge à Sangatte, des centaines d'exilés s'entassent dans des tentes et des abris de fortune dans les villes côtières de Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier l'Angleterre, cachés dans des camions ou par bateau.


En 2023, 29.437 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises, contre 45.774 en 2022, selon le ministère britannique de l'Intérieur. Le bilan de 2023 reste cependant le deuxième plus élevé jamais enregistré, supérieur à celui de 2021 (28.526).

Environ 20% des migrants arrivés sur les côtes anglaises en 2023 sont originaires d'Afghanistan, selon des données allant jusqu'au 29 novembre. Viennent ensuite les Iraniens (12%), les Turcs (11%), les Érythréens (9%) et les Irakiens (9%).


En mars, Londres et Paris ont conclu un accord prévoyant une contribution du Royaume-Uni de plus de 500 millions d'euros sur trois ans pour renforcer la surveillance des plages françaises et lutter contre les gangs de passeurs.


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