LFI dénonce le comportement de la France vis-à-vis de l'Afrique

12:1923/11/2023, jeudi
MAJ: 23/11/2023, jeudi
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La présidente du Groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot. Crédit photo: JULIEN DE ROSA / AFP
La présidente du Groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot. Crédit photo: JULIEN DE ROSA / AFP

La présidente du Groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot a dénoncé le "mépris" et le "deux poids deux mesures" du Gouvernement français vis-à-vis de l'Afrique et a appelé à une refondation des relations françaises avec les pays africains sur une base "d'égal à égal".

La députée Insoumise a été interrogée par Anadolu sur ce que son groupe attend ou espère du débat lancé à l'Assemblée nationale française, ce mardi, à propos des
"partenariats renouvelés entre la France et les pays africains".

Débat à l'Assemblée nationale


Le gouvernement français a présenté, mardi à l’Assemblée nationale, sa nouvelle vision des partenariats qu’il souhaite engager avec les pays africains.


S’exprimant alors que les relations entre Paris et plusieurs pays du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso) sont au point mort, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a jugé
"légitimes les questionnements qu’ont pu susciter les différentes crises qui se sont succédées au Sahel".

La cheffe de la Diplomatie française est également revenue sur l’engagement militaire de la France en Afrique et notamment au Sahel à travers l’opération
"Serval"
lancée en 2013, puis le dispositif antiterroriste
"Barkhane"
initié l'année suivante.

"Les coups d’État survenus au Mali, au Burkina Faso et tout dernièrement au Niger, fragilisent tous les efforts consentis depuis 2013"
et
"la situation sécuritaire s’est dégradée"
tandis que
"les violations des libertés se multiplient
", selon la ministre.

Et de poursuivre:
"Faire le choix de Wagner comme l’a fait le Mali, c’est faire le choix de la prédation économique et des crimes de guerre",
la ministre française des Affaires étrangères accusant ainsi la Russie.

"Mépris" de Macron pour les pays africains


Interrogée par Anadolu avant le débat parlementaire, ce mardi, Mathilde Panot, présidente du Groupe LFI à l'Assemblée nationale, a d'abord souligné que ce débat était exigé par son groupe depuis longtemps et que le député LFI Arnaud Le Gall prendrait la parole à cette occasion.


Selon la députée Insoumise,
"le Président de la République française a une forme de mépris"
vis-à-vis des pays africains, Mathilde Panot citant
"notamment le moment où [Emmanuel Macron] était au Burkina Faso, alors qu'il faisait une conférence de presse devant la presse nationale et internationale en demandant si le Président burkinabè était parti réparer la climatisation"
, la députée faisant référence au célèbre épisode du discours de Ouagadougou prononcé par le chef d'État français le 28 novembre 2017. Et de souligner:

Tout cela abime la voix de la France à l'international et donc les relations d'égal à égal que nous devons construire avec les différents pays du continent africain.

Lors de son discours à la tribune de l'hémicycle, le député LFI Arnaud Le Gall a fait état d'une
"grave crise des relations entre la France et nombre de pays africains, notamment francophones"
, déplorant un
"affaiblissement sans précédent, certains diraient un effondrement de nos relations en Afrique".

Commençons déjà par changer le fond et la forme de la politique de notre pays en Afrique. D'abord, abandonnons tout paternalisme.

"À l'Élysée, on n'a pas rompu avec le vieil imaginaire, les sommets convoqués sans ménagement, les sermons de chefs d'État africains, les gestes et paroles vexatoires qu'on ne se permettrait jamais en Chine ou aux États-Unis"
, a déclaré Arnaud Le Gall, ajoutant que
"les petites blagues condescendantes ont laissé de mauvais souvenirs en Afrique".

"Deux poids deux mesures" de la France


Au micro d'Anadolu, Mathilde Panot a indiqué que son groupe fera des propositions visant à construire
"une toute autre relation que celle qui est construite aujourd'hui, ou plutôt détruite, par Emmanuel Macron".

Parmi ces propositions, figure notamment la fin du
"deux poids deux mesures évident"
de l'Exécutif français, vis-à-vis des pays africains, selon la présidente du groupe Insoumis, alors que la France
"dénonce des coups d'États"
dans certains pays, notamment au Sahel, et
"adoube les auteurs"
d'autres coups d'État dans la même région, selon le député Le Gall, s'exprimant au nom du groupe parlementaire à la tribune de l'hémicycle.

"Comment dénoncer certains massacres et en légitimer d'autres? Croit-on vraiment que les peuples ne voient pas cela? Ce double discours, cette contradiction sape la crédibilité de notre pays"
, a estimé Arnaud Le Gall.

L'élu Insoumis a également dénoncé les
"interventions militaires"
initiées par la France, notamment en Libye en 2011,
"qui a conduit, au prix d'un détournement du mandat onusien initial à un changement de régime plus que hasardeux avec un effet désastreux sur la situation sécuritaire de tout le Sahel",
Arnaud Le Gall faisant référence au renversement du chef d'État libyen Mouammar Kadhafi par une intervention armée de la France de Nicolas Sarkozy, soutenue notamment par les États-Unis.

Plusieurs experts interrogés dans le passé par Anadolu ont déploré l'influence néfaste de la guerre en Libye sur la stabilité de la région du Sahel, notamment à travers le transfert illégal d'armes dans la région, l'essor du terrorisme ayant coûté la vie à des dizaines de milliers de civils, ainsi que les flux migratoires provoqués notamment par la crise sécuritaire affectant l'ensemble de la région depuis 2012.


Interrogée par Anadolu, Mathilde Panot a tenu à préciser la position de son groupe parlementaire, soulignant
"que les relations d'égal à égal se construisent au cours de grandes causes communes, notamment autour de la Francophonie que nous avons en commun avec beaucoup de pays, autour de la question des défis tels que le dérèglement climatique, parce que nous avons beaucoup à apprendre de pays qui, parfois, sont dans des situations [particulières], je pense à l'agriculture ou des choses similaires, sur lesquelles nous avons à apprendre, et des grands défis que nous avons en commun, notamment du partage des sciences".

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