Éthiopie: les autorités ne mettent toujours pas fin aux violations des droits humains, déplore Amnesty

15:486/08/2024, mardi
AFP
Un soldat de la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) monte la garde autour de la place Meskel fermée à Addis-Abeba le 25 octobre 2023, la veille d'un défilé militaire prévu pour célébrer la Journée des forces de défense éthiopiennes.
Crédit Photo : Michele Spatari / AFP (Archive)
Un soldat de la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) monte la garde autour de la place Meskel fermée à Addis-Abeba le 25 octobre 2023, la veille d'un défilé militaire prévu pour célébrer la Journée des forces de défense éthiopiennes.

Les autorités éthiopiennes ne parviennent pas à mettre fin aux violations des droits humains dans des zones de conflit, a accusé mardi l'ONG Amnesty International.

Malgré un accord de paix qui a mis fin en novembre 2022 à la guerre dans la région septentrionale du Tigré, ayant causé environ 600 000 morts en deux ans, de nombreux conflits persistent dans le deuxième pays le plus peuplé du continent, notamment dans les régions de l'Amhara et de l'Oromia.


Selon Amnesty, les violations des droits humains se poursuivent
"avec la même intensité"
dans la région Amhara, tandis que les informations sur les atrocités commises au Tigré et les exactions en région Oromia sont
"restées largement sans réponse"
des autorités.

"Malgré leurs déclarations en faveur de la justice, principalement par le biais de ce qu'on appelle les mécanismes de justice transitionnelle, les autorités éthiopiennes n'ont pas réussi à mettre un terme à ces violations",
a assuré l'ONG, ajoutant que
"des millions d'Éthiopiens se voient refuser justice".

Interrogée, une porte-parole du gouvernement éthiopien, Selamawit Kassa, n'a pour l'heure pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.

Devant le Parlement, le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix en 2019, avait affirmé le 4 juillet que l'armée ne commettait pas de
"massacres".

Pour Amnesty, ce propos
"démontre le déni continu du gouvernement des crimes passés et présents".

Pour l'ONG, il est nécessaire de
"prendre des mesures urgentes pour enquêter sur les crimes présumés commis en région Amhara".

Les Fano, milices populaires
"d'autodéfense"
de la communauté amhara, la deuxième en nombre des quelque 80 communautés ethno-linguistiques que compte l'Éthiopie, ont pris les armes en avril 2023 contre le gouvernement fédéral et les autorités régionales, après avoir combattu à leurs côtés durant le conflit contre les rebelles tigréens.

L'état d'urgence a été déclaré dans la région par les autorités d'Addis-Abeba en août 2023, et la mesure a expiré en juin.


Parallèlement, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fait pression mardi pour la libération de 11 personnes, dont le frère de Bate Urgessa, un membre éminent du Front de libération oromo (OLF), tué en avril dans la localité de Meki, en Oromia.

L'organisation de défense des droits de l'homme a déclaré que bien qu'un tribunal local ait ordonné la libération de Millo Urgessa en juin, il se trouve toujours en détention.


Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique de HRW a accusé:


Le gouvernement est plus préoccupé par le fait d'empêcher la vérité d'émerger que par le fait de la découvrir.

Les États-Unis, l'Union européenne et la Grande-Bretagne ont tous appelé à une enquête approfondie sur la mort de Bate Urgessa.


Plus vaste et plus peuplée région d'Éthiopie, l'Oromia est en proie depuis 2018 à une insurrection armée violemment réprimée, accompagnée de tueries communautaires aux auteurs non clairement identifiés.


Refusant d'abandonner les armes en 2018, une partie de l'OLF a fait scission et créé l'Armée de libération oromo (OLA).


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