Crédit Photo : EYAD BABA / AFP
Une petite fille palestinienne à al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 10 novembre 2024.
Face à la tragédie humanitaire qui se joue à Gaza, des voix de tous bords s'élèvent dans le monde pour dénoncer les crimes israéliens mais également le silence voire "la complicité" de certains pays occidentaux. Parmi ces voix figurent de nombreuses personnalités et collectifs juifs, qui refusent d'être associés aux actions du gouvernement israélien. Leur message est clair: pas de génocide en notre nom.
"En tant que Française juive, le crime du siècle qui se déroule sous nos yeux en direct, annoncé par le gouvernement israélien en notre nom, m'est insupportable"
, a lancé Géraldine Hornberg, membre de l'Union juive française pour la paix, lors de la Conférence AMFIS 2024, organisée par La France insoumise (LFI).
Et d'ajouter:
"Et quand il commet un génocide au nom de la défense de tous les juifs du monde, il nous associe à sa politique génocidaire. Et encore une fois, nous nous opposons fermement à cette alliance avec ce gouvernement colonial, suprémaciste, raciste et génocidaire"
, dénonçant
"fermement la complicité de la France, par son soutien inconditionnel à l'Etat israélien"
et accusant
de pratiquer
"une politique islamophobe depuis plusieurs années".
Le combat pour la Palestine, ça n'a rien à voir avec l'antisémitisme. C'est un combat pour la justice et pour la paix.
"C'est un combat politique contre le colonialisme et contre le racisme",
poursuit-elle, notant que
"le droit international dit qu'une population qui est soumise, occupée par une puissance occupante a le droit à la résistance".
"Ce qui se passe, ce n'est pas un conflit de religions comme beaucoup semblent, veulent nous faire croire. Nous sommes (...) dans une guerre coloniale avec un occupé et un occupant"
, insiste Géraldine Hornberg, qualifiant le projet sioniste de
"projet colonial, suprémaciste de remplacement d'une population par une autre"
et rappelant qu'il y a toujours eu des voix juives qui s'y sont opposées.
Selon elle
, "Ce qu'il faut que tout le monde comprenne bien, c'est qu'il ne pourra pas y avoir de sécurité, que ce soit pour les Israéliens ou les Palestiniens, tant que ce régime colonial perdurera"
.
Des tribunes... et une plainte auprès de la CPI
Le 31 octobre 2023, un collectif de 85 personnalités juives a dénoncé l'opération militaire en cours à Gaza, dans une tribune publiée sur les colonnes de Libération et intitulée "Vous n'aurez pas le silence des juifs de France".
"En tant que juifs et juives, nous sommes horrifié·es par les violations du droit international que l'Etat d'Israël mène à Gaza en toute impunité et nous refusons que ce massacre ait lieu en notre nom"
, ont-elles notamment écrit.
Le collectif accuse le gouvernement français de
estimant qu'il
"se fait complice d'un nettoyage ethnique à Gaza".
Le 13 novembre courant, des personnalités de confession ou de culture juives ont publié une autre tribune, cette-fois au journal Le Monde, à l'occasion la visite annoncée de Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, qui devrait assister au gala "Israël is forever", organisé en soutien à l'armée israélienne.
"Nous, citoyennes et citoyens français ou résidant en France, de confession ou d'histoire familiale ou de culture juives, n'acceptant ni le massacre en cours en Palestine et au Liban, ni le torpillage par le gouvernement israélien des négociations qui permettraient un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages et de prisonniers palestiniens",
écrivent les signataires.
Ils évoquent, par ailleurs, les
"bombardements israéliens incessants"
sur la bande de Gaza,
"la famine et la soif organisées"
qui
"tuent surtout des enfants",
attirant l'attention sur ce qui ce passe au Liban,
"bombardé du sud au nord".
Olivia Zemor, présidente de l'association EuroPalestine, dénonce pour sa part
"le soutien inconditionnel de la France à Israël [qui] a permis à ce dernier de poursuivre un génocide en toute impunité".
Lors d'une interview exclusive accordée à la mi-octobre à Anadolu, Zemor ne mâche pas ses mots. Selon elle, les dirigeants français, à commencer par le président Emmanuel Macron, se sont rendus
des crimes commis contre les Palestiniens, notamment à Gaza.
EuroPalestine a, d'ailleurs, déposé une plainte officielle, ou plus précisément
comme l'explique Olivia Zemor, auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI), accusant Emmanuel Macron, ainsi que ses anciens ministres Gabriel Attal et Stéphane Séjourné, d'avoir
"facilité la commission de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide".
Selon Zemor, il ne s'agit pas d'une simple démarche symbolique. Et d'affirmer:
Nous accusons le président Macron et ses ministres d'avoir violé leurs obligations, alors que la France est signataire du Statut de Rome.
Quant à Richard Wagman, président d'honneur de l'Union juive française pour la paix (UJFP), il a exprimé, également au micro d'Anadolu, une condamnation ferme de l'offensive israélienne à Gaza, qualifiant cette offensive de
en raison de l'ampleur des destructions et des souffrances infligées aux civils palestiniens.
Les Gazaouis ont l'habitude [des bombardements], mais cette fois-ci, c'est différent. Il n'en reste plus grand-chose.
"L'ensemble de l'infrastructure civile a été rasé"
, déplore-t-il. Il met l'accent sur l'anéantissement des infrastructures civiles essentielles, en soulignant l'ampleur des dégâts.
"Il ne reste que quelques hôpitaux encore debout, et ceux qui fonctionnent ne le font que partiellement. Les écoles, les universités, tout est détruit. Les infrastructures vitales, comme les systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité, n'existent plus",
regrette-t-il.
Faisant fi des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies exigeant un cessez-le-feu immédiat, l'armée israélienne poursuit sa guerre génocidaire contre la Bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.
La communauté internationale reconnaît de plus en plus que la bande de Gaza est le théâtre d'un génocide, des organisations et des dirigeants ayant qualifié les événements de tentative délibérée de destruction d'une population.
Jeudi dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés dans la Bande de Gaza.
Israël est également poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour
en raison de la guerre meurtrière qu'il mène contre la bande de Gaza.
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