Les Européens s'apprêtent à voter, l'extrême droite attendue en force

13:472/06/2024, Pazar
MAJ: 2/06/2024, Pazar
AFP
Un drapeau de l'Union européenne est photographié à Montpellier, dans le sud de la France, le 18 mai 2024, avant les prochaines élections du Parlement européen.
Crédit Photo : Pascal GUYOT / AFP
Un drapeau de l'Union européenne est photographié à Montpellier, dans le sud de la France, le 18 mai 2024, avant les prochaines élections du Parlement européen.

A travers l'UE, les citoyens se rendront aux urnes entre jeudi et dimanche pour renouveler le Parlement européen, un scrutin qui devrait consacrer une montée en puissance des droites radicales et nationalistes, susceptibles d'orienter l'agenda politique à Bruxelles.

Plus nombreux que les Américains appelés au vote dans cinq mois, quelque 370 millions d'électeurs vont choisir leurs 720 eurodéputés par le biais de 27 élections nationales distinctes - faute de listes transeuropéennes et à l'issue d'une campagne souvent dominée par des enjeux nationaux.


Il y a cinq ans, des marches de jeunes pour le climat avaient contribué à imposer la question environnementale: la Commission européenne l'avait placée au centre de son vaste plan de relance post-Covid avant de lancer l'ambitieux paquet législatif du
"Pacte vert"
(marché carbone, énergie, transports, déforestation...).

Mais ce
"Green Deal"
est devenu un épouvantail politique, en raison d'inquiétudes sur l'impact pour la compétitivité industrielle, l'agriculture ou le pouvoir d'achat.

L'inflation post-pandémie, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, les tensions commerciales, le conflit à Gaza et la colère agricole ont placé au coeur des débats les choix stratégiques de l'UE face à la Chine et aux Etats-Unis - où pourrait revenir à la Maison blanche un Donald Trump notoirement peu intéressé par l'Europe.

Selon l'Eurobaromètre, environ sept Européens sur dix voient l'UE comme
"havre de stabilité dans un monde troublé"
et 71% affichent leur intention d'aller aux urnes, dix points de plus qu'en 2019.

D'après cette enquête diffusée en avril, la lutte anti-pauvreté, la santé publique, le soutien à l'économie mais aussi la défense et la sécurité s'imposent au sommet des préoccupations citoyennes - dépassant le climat ou encore la question migratoire, objet d'un
"pacte"
européen récemment adopté après d'âpres négociations.

En ordre dispersé


Le Parlement, qui siège à Strasbourg et Bruxelles, est la seule institution élue de l'UE, en charge de négocier et d'adopter les législations de concert avec le Conseil de l'UE (les Etats membres), sur la base des propositions de la Commission.


La
"grande coalition"
formée entre les trois principaux groupes politiques - le PPE (droite, première force dans l'hémicycle), S&D (sociaux-démocrates) et Renew (libéraux) - pour adopter la plupart des textes devrait rester majoritaire.

Pour autant, les partis des droites radicales et nationalistes pourraient, en nombre cumulé d'eurodéputés, dépasser le PPE, et influer sur des dossiers cruciaux : défense européenne contre une Russie expansionniste, nouvelle politique agricole, voie vers la neutralité carbone...


Les sondages prédisent leur montée en puissance, après leur essor dans plusieurs scrutins nationaux et leur récente arrivée au pouvoir en Italie et aux Pays-Bas.

L'extrême droite est divisée en deux groupes au Parlement, ECR (Fratelli d'Italia, PiS polonais, l'espagnol Vox, le français Reconquête...) et ID (Rassemblement national, Ligue italienne, PVV néerlandais de Geert Wilders... mais dont a été exclu l'AfD allemand) - ils pourraient à eux deux remporter environ un quart des sièges.


S'ils partagent un euroscepticisme et un souverainisme affichés - sans prôner une sortie de l'UE -, leur éventuelle fusion reste compliquée par d'importantes divergences, notamment sur la Russie.


Si 3/4 des sondés dans l'Eurobaromètre approuvent le renforcement de l'industrie de défense européenne et une majorité l'envoi d'armes à l'Ukraine, le soutien des Vingt-Sept à Kiev reste entravé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban - dont le pays assurera la présidence tournante de l'UE au second semestre 2024.


Meloni courtisée


Les équilibres issus des élections détermineront aussi l'attribution des postes dirigeants dans l'UE : Ursula von der Leyen est favorite pour sa reconduction à un second mandat comme présidente de la Commission, étant la candidate désignée par le PPE, attendu en tête du scrutin.


Mais sa nomination, contestée au sein même de son parti, et qui doit être confirmée par les dirigeants des Vingt-Sept puis par les eurodéputés, n'est pas acquise.

En se disant prête à collaborer avec la cheffe de gouvernement italienne Giorgia Meloni et son parti post-fasciste Fratelli d'Italia, Mme von der Leyen a été fustigée par les partis de gauche et Renew, ulcérés par l'idée de laisser Mme Meloni redessiner le paysage politique.


"Nous sommes très clairs, nous ne pouvons conclure d'alliance avec ECR, il n'y a pas d'extrême droite décente et acceptable"
, s'est énervé le chef de file socialiste Nicolas Schmit, actuel commissaire européen à l'Emploi, auprès de l'
"European Newsroom"
.

A quelques semaines du scrutin, l'extrême droite est éclaboussée par des soupçons d'ingérence au profit de Moscou et Pékin, impliquant notamment l'AfD allemand et sa tête de liste Maximilian Krah.


Le Parlement européen avait été auparavant ébranlé par l'enquête du
"Qatargate"
autour de soupçons de corruption, en particulier d'élus socialistes, impliquant le Qatar et le Maroc.

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