Au Sénégal, des législatives pour donner une majorité au nouveau pouvoir

12:2313/11/2024, mercredi
AFP
Photo officielle du gouvernement du Sénégal, dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye.
Crédit Photo : Média X / Archive
Photo officielle du gouvernement du Sénégal, dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye.

Les Sénégalais voteront dimanche pour élire leur nouveau Parlement, un scrutin lors duquel les dirigeants espèrent obtenir une majorité solide pour tenir la promesse de rupture qui leur a permis de remporter la présidentielle il y a huit mois.

Le président Bassirou Diomaye Faye, largement élu en mars, a dissous l'Assemblée en septembre, dès que la Constitution le lui permettait, déclenchant ainsi ces législatives anticipées.


Près de huit mois après son élection, les Sénégalais attendent encore que M. Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, répondent aux fortes attentes d’une population majoritairement jeune, dont beaucoup luttent pour trouver un emploi et subvenir à leurs besoins.


Le chômage et l'inflation restent élevés, la croissance est en ralentissement et les nouveaux dirigeants déclarent avoir trouvé des caisses publiques quasiment vides.


Chaque mois, des centaines de Sénégalais continuent de partir en pirogues vers l'Europe, et des dizaines ont péri dans l'Atlantique cette année.


Dans une rue commerçante des Parcelles Assainies, quartier populaire de Dakar, Mamoudou Soumaré, un étudiant de 24 ans travaillant sur un chantier, déclare :
"Le parti au pouvoir va remporter les élections parce que toute la jeunesse les soutient
", mais il déplore qu'
“ils n'ont rien foutu”
depuis la présidentielle.

"Après les législatives, il n'y aura plus le temps d'attendre",
prévient-il.
"S'ils ne font rien, en 2029, on va les dégager",
dit-il en référence à la prochaine présidentielle.

Pour ou contre Sonko


Le scrutin à un tour permettra de renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral, où le camp de l'ancien président Macky Sall détenait la majorité. Plus de 40 listes sont en compétition.


Le Premier ministre Ousmane Sonko et l'ancien président Macky Sall mènent chacun une liste. Deux autres coalitions, celles du maire de Dakar, Barthélémy Dias, et de l'ex-Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième lors de la présidentielle de mars, sont également en lice.

Après trois années de tensions sous Macky Sall, marquées par des crispations avant la présidentielle, ces législatives étaient l'occasion de renouer avec la tradition démocratique dont le Sénégal est fier, dans une région secouée par des coups d’État.


Bien que de nombreux Sénégalais aspirent à l’apaisement, la campagne a été marquée par des violences entre les partisans de M. Sonko et de l’opposition. Les discours des leaders ont également été virulents, M. Sonko allant jusqu'à appeler à
"venger"
les agressions subies par ses supporteurs.

El Hadji Mamadou Mbaye, enseignant-chercheur à l'université Gaston Berger, résume:


Le véritable enjeu, c'est pour ou contre Ousmane Sonko.

"Pour changer le pays, il faut des mesures fortes et donc une majorité parlementaire pour faire passer des lois (...) Les gens comprennent qu'il faut leur donner cette majorité pour pouvoir les juger",
estime-t-il.

Reddition de comptes


Cependant, pour certains, comme les sinistrés des inondations dans l'est et le nord du pays, ou Iba Ka, chauffeur de moto-taxi à Matam, qui estime que les autorités ne font rien pour lui, ou encore Martine Diouf, femme de ménage de 40 ans luttant pour nourrir ses six enfants à Dakar, Ousmane Sonko n'incarne pas la solution.


Depuis leur arrivée au pouvoir, les autorités ont réduit les prix du riz, de l'huile et du sucre, et lancé plusieurs audits. Elles ont également présenté un projet de transformation de l'économie et des politiques publiques sur 25 ans.

L’opposition, cependant, les accuse d’inaction, d’amateurisme et de chercher des règlements de comptes.


M. Sonko insiste sur la nécessité pour les anciens dirigeants, dont l'ex-président Sall, de répondre devant la justice de leur gestion et de la crise des dernières années.


"J'aurais préféré que les partis politiques, au lieu de se chamailler, nous parlent des problèmes des Sénégalais: la vie chère, le logement, l'emploi des jeunes, la santé aussi",
déclare Malick Fall, commerçant quinquagénaire.
"Nous sommes au XXIe siècle, un Sénégalais malade ne devrait plus payer pour se soigner".

Les bureaux de vote ouvriront à 08h00 (locales et GMT) et fermeront à 18h00 pour les 7 millions d’électeurs.


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