Crédit Photo : Joris Bolomey / AFP
Un électeur vote dans un bureau de vote à N'Djamena le 29 décembre 2024 lors des élections locales, provinciales et législatives.
Quelque huit millions de Tchadiens ont voté dimanche aux élections législatives, provinciales et locales marquées par une faible participation - 52,37 % à la clôture des bureaux de vote - et des soupçons de fraudes émis par l'opposition, qui avait appelé au boycott du scrutin.
À N'Djamena, où le taux de participation a plafonné à 36,22 %, selon les estimations de l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE), alors que le dépouillement est toujours en cours, des partis d'opposition ont annoncé
"leur retrait du processus électoral dans le 3e arrondissement en raison de fraudes".
"Les militaires sont venus voter hier sans carte d'électeur ou carte d'identité nationale. Le même pouvait voter vingt-cinq ou cinquante fois",
a affirmé Abdelaziz Koulamallah, candidat au poste de député pour le Parti fédéral pour la justice et le développement (PFJD) à N'Djamena, dans une vidéo postée sur son compte Facebook.
Comme le veut la tradition, nomades, policiers et militaires ont voté dès samedi, avec plus de 72 % de votes exprimés dans l'armée et plus de 54 % pour la population nomade, selon l'ANGE.
"Tous ceux qui ont voté massivement pour la présidentielle sont restés chez eux en suivant notre appel, c'est-à-dire l'écrasante majorité",
a déclaré à l'AFP le chef du principal parti d'opposition, Succès Masra.
L'opposition a boycotté le scrutin présenté par le régime du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno comme la dernière étape de la transition ouverte par le putsch qui l'a porté au pouvoir en avril 2021 après la mort de son père, avant une légitimation par les urnes en mai dernier.
Les Tchadiens
"font confiance à notre parole, et quand nous leur disons que les résultats sont déjà fabriqués dans les ordinateurs, ils savent que c'est vrai",
a dit M. Masra lors d'un entretien téléphonique depuis Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Le chef de l'État et ses ministres, eux, sont allés déposer leurs bulletins pour ce triple scrutin législatif, provincial et local.
"J'appelle tous mes compatriotes inscrits sur la liste électorale à sortir massivement pour voter"
en ce
a déclaré le maréchal Déby sur sa page Facebook.
Rencontré dans une rue de N'Djamena, Hervé Natouingan, 28 ans, juge
de voter car
"il n'y a pas de vote véridique au Tchad".
Cet ouvrier du bâtiment travaille comme taxi-moto, faute de perspectives dans son secteur.
Patrice Lumumba Deoumoundou, un chômeur de 39 ans, a, lui, accompli son
citoyen en espérant
"un changement dans tous les domaines",
avec plus d'emploi, moins de prix en hausse,
"plus de justice" et "plus d'égalité".
"Rien n'a encore été fait",
a-t-il dit, souhaitant des
Pour les militaires, voter est
comme l'a affirmé à l'AFP le général Ahamat Mahamat Abakar, en charge du centre d'instruction de Koundoul, au nord de N'Djamena.
"Les nomades sont venus demander à ceux qui seront élus demain d'améliorer leurs conditions de vie",
a expliqué à l'AFP le cheik Djibrine Hassabakarim, un de leurs représentants dans un campement proche de N'Djamena, en pointant une dégradation liée au changement climatique: mortalité des bêtes, heurts avec les cultivateurs sédentaires, difficultés pour nourrir les familles.
Le vote se déroule dans 26 617 bureaux de vote à travers le pays, en présence d'une centaine d'observateurs étrangers et de représentants des partis politiques.
Contexte sécuritaire et politique tendu
Le scrutin intervient dans un contexte géopolitique mouvant, avec le retrait en cours de l'armée française après la rupture d'un accord de coopération militaire remontant à la fin de la colonisation, des attaques du groupe terroriste Boko Haram dans la région du lac Tchad et des accusations récurrentes d'ingérence dans le conflit qui ravage le Soudan voisin.
Les dernières législatives remontent à 2011.
L'Assemblée devait être renouvelée en 2015, mais il y a eu plusieurs reports successifs, justifiés par la menace terroriste, les difficultés financières, l'épidémie de coronavirus et la transition qui a suivi le putsch militaire après le décès du maréchal Déby père, tué par des rebelles après trente ans de pouvoir sans partage.
Un parlement de transition composé de 93 membres a été désigné par décret présidentiel en 2021.
En recevant son grade de maréchal le 21 décembre, le chef de l'État a affirmé que son accession au pouvoir avait
"évité au pays de sombrer dans le chaos"
et vanté sa
"marche vers le progrès".
L'opposition, elle, dénonce un régime qu'elle juge autocratique et violemment répressif.
Dans son intervention samedi, Succès Masra a rappelé le
lors de la manifestation de l'opposition le 20 octobre 2022 et les
mortels des forces de l'ordre, le 9 mai 2024, après la victoire au premier tour de Mahamat Idriss Itno, avec 61,3 % des voix et une participation de 75 %.
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