La décision du gouvernement kényan d'autoriser l'importation de maïs génétiquement modifié, après dix ans d'interdiction, a déclenché une vague de désinformation dans ce pays d'Afrique de l'Est, alimentée par les déclarations à l'emporte-pièces de responsables politiques rivaux.
L'administration du président William Ruto, élu en août 2022, a autorisé en octobre l'importation et la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM), interdites depuis 2012, notamment pour faire face à la sécheresse historique qui ravage la Corne de l'Afrique.
L'opposant historique Raila Odinga a ainsi affirmé dans une intervention publique le 7 mai, dont la vidéo est devenue virale sur Facebook, que la consommation de nourriture issue de cultures OGM engendrerait des modifications d'ordre physiologique comme des gynécomasties.
Les experts, dont ceux de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), considèrent qu'il n'existe aucun indice scientifique de changement de sexe chez les humains causé par la consommation de nourriture OGM.
Quant à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle indique que les aliments OGM disponibles sur le marché sont conformes aux règles de sécurité et peu susceptibles de se révéler nocifs.
"Se bagarrer"
En réalité, l'Afrique du Sud n'a autorisé que trois semences OGM, tandis que les supermarchés américains vendent des produits issus de l'agriculture biologique en même temps que des produits OGM clairement identifiés comme tels.
La plus grande inquiétude sanitaire liée aux OGM vient plutôt des effets toxiques de l'utilisation des herbicides à base de glyphosate qui leur sont souvent associés, comme ceux de la marque Roundup, souligne-t-il.
Le Kenya avait interdit en 2012 la culture d'OGM notamment pour protéger les petites exploitations, majoritaires dans le pays, dont l'agriculture représente le premier secteur économique, avec 21 % du PIB, selon les statistiques officielles.
Cette décision lui avait notamment valu des critiques des Etats-Unis, importants producteurs d'OGM.
Festus Kavita un agriculteur de Machakos, à environ 65 km au sud-est de Nairobi, la capitale, craint que les joutes politiques n'occultent les problèmes du pays.