L'ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Vedrine posant lors d'une séance photo à Paris le 11 avril 2022.
Hubert Védrine, figure influente de la diplomatie française et ancien ministre des Affaires étrangères, a évoqué le plan post-conflit à Gaza proposé par le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.
Intervenant ce vendredi sur France Info, Hubert Védrine a décrit ce projet comme le début d'une phase cruciale pour la région.
Selon les contours de ce plan, aucune présence israélienne ne serait maintenue dans la bande de Gaza une fois les objectifs de guerre atteints.
"Ce plan n'est pas le plus défavorable",
a estimé Védrine. Il a par ailleurs critiqué les approches qui pourraient s'apparenter à celles adoptées par les colons américains lors de la colonisation face aux populations indiennes.
"Pour le moment, ce sont les différentes nuances de la coalition de [Benyamin] Netanyahu qui s'expriment. Ce sont les gens qui raisonnent comme les Américains face aux Indiens pendant la colonisation. Ils veulent les faire partir, faire partir les deux millions d'habitants de Cisjordanie, mettre la main sur Gaza, réinstaller les colons à Gaza",
a-t-il dit.
L'ancien ministre des Affaires étrangères a également évoqué les divergences internes au sein du gouvernement israélien, mettant en lumière les appels de certains ministres à réinstaller des colons juifs à Gaza et à favoriser l'émigration de la population palestinienne.
"Une lutte politique se déroule actuellement en Israël. Le maintien ou le départ de Benyamin Netanyahu du pouvoir pourrait initier un nouveau processus en quête d'une solution",
a noté Hubert Védrine, soulignant l'impact crucial de cette situation sur les orientations politiques à venir.
Au sujet des tentatives diplomatiques depuis le début du conflit, Hubert Védrine a exprimé des regrets quant à l'absence d'une voix influente.
"Au début, Joe Biden a évoqué une voie vers un État palestinien, avant même qu'il y ait toutes les manifestations aux États-Unis (...) Il a rejoint le raisonnement de certains Israéliens minoritaires qui disent qu'il n'y aura jamais de sécurité vraie pour Israël tant qu'il n'y aura pas un État palestinien. C'est étonnant que Biden le dise dès le début. Blinken l'a redit. Maintenant, les moyens de pression sur Israël ne sont pas évidents, tant qu'il n'y a pas de changement de leadership et qu'au sein du Likoud il n'y a pas une micro-révolution pour aboutir à un autre Premier ministre que Netanyahu",
ajouté l'ancienne chef de la Diplomatie française.
Il a également parlé des manœuvres visant l'affaiblissement de la classe dirigeante palestinienne.
"Ils ne veulent pas qu'il y ait une autorité palestinienne reconstituée. Ils ont tous fait pour qu'il y en ai pas pour pouvoir dire qu'il n'y avait pas d'interlocuteur",
a-t-il regretté.
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