Au moins une personne a été tuée mardi lors d'un mouvement de protestation antigouvernemental au Kenya qui a viré au chaos dans la capitale Nairobi après que des manifestants ont forcé les barrages de police et pénétré dans l'enceinte du Parlement.
La tension est progressivement montée mardi dans le centre d'affaires (CBD) de Nairobi où se tenait la troisième manifestation en huit jours d'un mouvement baptisé "Occupy Parliament" ("Occuper le Parlement") s'opposant au projet de budget 2024-25 qui prévoit l'instauration de nouvelles taxes.
Les manifestants ont ensuite forcé les barrages de la police pour pénétrer dans l'enceinte où les députés venaient d'approuver les amendements au texte, qui doit être voté d'ici le 30 juin.
D'autres manifestations se sont tenues dans plusieurs autres villes du pays, notamment dans les fiefs de l'opposition de Mombasa (est) et Kisumu (ouest), à Eldoret (ouest), grande ville de la vallée du Rift, région d'origine du président William Ruto, Nyeri (sud-ouest) et Nakuru (centre), selon des médias locaux.
Le gouvernement avait annoncé le 18 juin retirer la plupart des mesures mais les manifestants ont poursuivi leur mouvement, demandant le retrait intégral du texte. Ils dénoncent un tour de passe-passe du gouvernement qui envisage de compenser le retrait de certaines mesures fiscales par d'autres, notamment une hausse de 50% des taxes sur les carburants.
Initialement porté par la "Génération Z" (jeunes nés après 1997), le mouvement s'est transformé en une contestation plus large de la politique du président Ruto. Le chef de l'État s'est dit prêt à dialoguer avec la jeunesse dimanche.
Moody Kimwele, 41 ans, est venu avec son fils de 15 ans pour dénoncer le poids croissant des taxes depuis le début de la présidence Ruto en septembre 2022.
Avant la journée de mardi, cette mobilisation a déjà été marquée par la mort de deux personnes à Nairobi. Plusieurs dizaines d'autres ont été blessées par la police, qui a également procédé à des centaines d'arrestations.
La porte-parole de la police, Resila Onyango, n'a pas donné suite à ces accusations.
Le Kenya, pays d'Afrique de l'Est d'environ 52 millions d’habitants, est une locomotive économique de la région.
Mais le pays a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants de respectivement 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale.