, a prévenu dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant son gouvernement, en rendant hommage aux 153 soldats tués depuis le début de l'offensive terrestre à Gaza le 27 octobre en déclarant:
Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à combattre.
Après des combats qui ont provoqué d'immenses destructions dans le nord du territoire palestinien, l'armée a expliqué qu'elle concentrait désormais ses principales opérations, à la recherche des responsables du Hamas, sur la grande ville de Khan Younès, dans le sud, où sont massés de nombreux civils ayant fui la guerre plus au nord.
Dimanche, la ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, qui selon la tradition chrétienne a vu naître Jésus-Christ, se préparait à un sombre Noël, désertée par les fidèles.
A Gaza, les bombardements se poursuivent sans répit du nord au sud. De la fumée s'élevait dans le ciel de Khan Younès après des frappes, tandis qu'une forte explosion, filmée par l'AFP depuis le sud d'Israël, a secoué le centre du territoire.
Les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël, insistent de plus en plus, face aux lourdes pertes civiles palestiniennes, pour qu'Israël privilégie des opérations plus ciblées dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent menée sur son sol par le mouvement de résistance palestinienne.
Lors d'une conversation téléphonique samedi avec Benjamin Netanyahu, le président américain Joe Biden
"a souligné le besoin crucial de protéger la population civile",
selon la Maison Blanche.
Après la ville de Gaza,
"nous pivotons vers le sud et nous concentrons nos principales opérations sur un autre bastion du Hamas, Khan Younès", a expliqué un porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, sur la chaîne américaine Fox News, ajoutant que les combats dans le nord "continueront, peut-être à une intensité moindre".
L'armée a annoncé dimanche qu'environ 200 cibles avaient été visées la veille. Dans le nord de Gaza, les soldats ont découvert
"un dépôt d'armes adjacent à des écoles, une mosquée et un centre médical"
, qui renfermait
"des ceintures d'explosif adaptées pour des enfants, des dizaines d'obus de mortier, des centaines de grenades et du matériel de renseignement"
, selon l'armée.
A Bethléem, face à l'église de la Nativité, des policiers palestiniens étaient déployés sur la place de la Mangeoire, presque vide à quelques heures de la veillée de Noël, là où fidèles et touristes sont habituellement des milliers à admirer la crèche ou le sapin qui n'ont pas été installés cette année.
Les chrétiens palestiniens n'ont pas le coeur aux célébrations, largement annulées par la municipalité, ne pouvant faire fi du sort de leurs concitoyens, assiégés et bombardés à Gaza.
Nicole Najjar, une étudiante de 18 ans, sur la place de la Mangeoire confie à l'AFP:
Ils sont nombreux à mourir pour cette terre, c'est très difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple se meurt,
La situation humanitaire à Gaza, une étroite bande côtière coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, est désastreuse:
la plupart des hôpitaux y sont hors service et dans les six prochaines semaines
, l'ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d'insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu'à la famine, selon les Nations unies.
Selon l'ONU,
1,9 million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, soit 85% de la population
, dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois à mesure de l'avancée des combats.
A Rafah, la ville frontalière avec l'Egypte, des Palestiniens pleuraient leurs proches tués. Oum Amir Abou al-Awf a été blessée à la main et à la jambe quand une frappe a touché sa maison dimanche matin à Tel al-Sultan, à l'ouest de Rafah
. "Où est la victoire dont ils parlent? Rien n'a a été fait, sauf tuer des civils. Ils continuent à nous dire que Rafah est sûre, mais aucun endroit n'est sûr",
a affirmé à l'AFP cette femme de 27 ans.
Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution réclamant l'acheminement
et
de l'aide humanitaire, vitale pour la population de Gaza, celle-ci n'a pas connu d'augmentation significative samedi, avec l'entrée de 93 camions contre une moyenne de quelque 80 les jours ayant précédé le vote, d'après les autorités du point de passage de Rafah.
"Pour que l'aide parvienne jusqu'à ceux qui en ont besoin, pour que les otages soient libérés, pour que d'autres déplacements soient évités et surtout, pour que cessent ces pertes humaines dévastatrices, un cessez-le-feu humanitaire est la seule issue",
a déclaré dimanche le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Des habitants de Gaza rencontrés par l'AFP fustigeaient la communauté internationale.
"Plutôt que (...) d'augmenter les livraisons d'aide, arrêtez de soutenir Israël et de lui fournir des armes, (...) arrêtez la guerre et accordez-nous la paix",
a déclaré à l'AFP Rami al-Khalut, un habitant du nord qui a fui à Rafah.
Dans cette ville, où des centaines de milliers de réfugiés s'abritent dans des camps de fortune, la population se rue sur les rations alimentaires, insuffisantes pour satisfaire tout le monde.
"Mes enfants ont perdu beaucoup de poids, la faim les réveille la nuit"
, a raconté Nour Barbakh, une déplacée de Khan Younès faisant la queue pour de la nourriture.
Les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de parvenir à un compromis sur une nouvelle trêve qui permettrait l'entrée de plus d'aide à Gaza ainsi que des libérations d'otages et de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens. Néanmoins, les deux camps restent intransigeants. Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du mouvement de résistance.