Pour la deuxième soirée consécutive, la police anti-émeute géorgienne a utilisé vendredi des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre des milliers de manifestants à Tbilissi après la décision du gouvernement de suspendre les négociations d'intégration à l'Union européenne.
Le pays du Caucase est dans la tourmente depuis que le parti au pouvoir Rêve géorgien a proclamé sa victoire aux élections de la fin octobre, que l'opposition et la présidente Salomé Zourabichvili disent entachées de fraudes.
Des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblés vendredi soir devant le Parlement dans le centre de la capitale à l'appel de l'opposition pro-européenne, après l'arrestation d'une quarantaine de manifestants la nuit précédente à l'issue d'une dispersion violente de la manifestation.
Mais la police anti-émeute a de nouveau utilisé gaz lacrymogène et canons à eau contre les manifestants, qui de leur côté jetaient des oeufs et des lançaient des fusées d'artifice, selon des journalistes sur place.
La chaîne de télévision indépendante Pirveli a affirmé qu'une de ses journalistes avait été hospitalisée avec des blessures graves après avoir été battue avec son cameraman par la police.
Des journalistes ont vu un feu allumé dans la rue, et deux cocktails molotov jetés.
Soutien de la présidente
Des manifestations avaient également lieu dans plusieurs villes de Géorgie vendredi, selon la chaîne de télévision Mtavari.
La Géorgie a obtenu officiellement le statut de candidat à l'adhésion en décembre 2023, mais Bruxelles a depuis gelé le processus, accusant le gouvernement d'opérer un grave recul démocratique.
Si les autorités assurent toujours avoir l'intention de rejoindre l'UE en 2030, elles ont annoncé jeudi soir repousser la question jusqu'à la fin de l'année 2028.
Jeudi soir et vendredi matin, la police anti-émeute avait tiré des balles en caoutchouc et fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau, frappant des manifestants et des journalistes devant le Parlement, a constaté un journaliste.
En face, les manifestants avaient érigé des barricades qu'ils ont enflammées.
Mme Zourabichvili exige que la Cour constitutionnelle annule les résultats des législatives, une demande qui a peu de chances d'aboutir.
"Repression brutale"
Le Conseil de l'Europe a condamné la "répression brutale des manifestations" à Tbilissi, s'alarmant aussi de la décision du gouvernement géorgien de suspendre ses négociations avec l'UE.
Le texte exige qu'un nouveau scrutin soit organisé dans un délai d'un an sous supervision internationale et que des sanctions soient prises à l'encontre de hauts responsables géorgiens, dont Irakli Kobakhidzé.