France: clap de fin à l'Assemblée pour les opposants à la retraite à 64 ans

17:208/06/2023, Perşembe
MAJ: 8/06/2023, Perşembe
AFP
Le Député et Président français du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), Bertrand Pancher. Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP
Le Député et Président français du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), Bertrand Pancher. Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP

Fin de partie pour les opposants à la retraite à 64 ans en France: privés de vote à l'Assemblée nationale, ils en ont été réduits jeudi à retirer leur texte au bout d'une séance enfiévrée où les oppositions ont accusé le camp présidentiel de "déni de démocratie".

Cette proposition de loi, qui prévoyait le rétablissement de la retraite à 62 ans, avait entretenu la flamme des opposants à la réforme. Mais ce texte porté par le groupe indépendant Liot avait été vidé de sa mesure phare par la majorité.


"Il ne reste plus rien dans le texte sauf évidemment les amendements de la minorité présidentielle. En responsabilité, nous avons décidé de retirer notre texte"
, a indiqué le patron du groupe Liot, Bertrand Pancher, en dénonçant
"les attaques puissantes contre le Parlement"
.

"Nous n'allons pas nous ridiculiser à poursuivre le débat"
, a-t-il lâché, dépité, après plus de deux heures d'échanges éruptifs mais sans le moindre vote.

L'alliance de gauche Nupes a annoncé dans l'après-midi le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement, en vue d'un vote en début de semaine prochaine à l'Assemblée nationale.



"Face au coup de force anti-démocratique
(...)
l'ensemble des groupes de la Nupes porteront une motion de censure qui devrait être examinée en début de semaine prochaine"
, a déclaré devant la presse la patronne des députés La France Insoumise (gauche radicale) Mathilde Panot, entourée de ses partenaires.

Seul moment de concorde jeudi: les députés ont observé une minute de silence, après l'attaque au couteau à Annecy, dans l'est de la France, qui a fait six blessés dont quatre enfants et provoqué un vif émoi en France.



Cible de la colère des oppositions, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, issue des rangs macronistes, a bloqué mercredi l'examen de la mesure d'abrogation, jugée inconstitutionnelle car elle crée une charge pour les finances publiques. 


Dans un hémicycle agité, la séance avait démarré par une série de rappels au règlement à son adresse.
"De cet abaissement du Parlement ne peut ressortir que désintérêt pour nos institutions, et dans le pire des cas, colère et violence"
, a averti Charles de Courson (groupe Liot) à la tribune.

"Rien que la Constitution"


Le patron des députés communistes André Chassaigne a tonné en énonçant le propos suivant:


Vous abîmez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire.

Le Député et Président du groupe parlementaire français (Gauche démocrate et républicaine GDR), André Chassaigne prononce un discours à l'Assemblée nationale. Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP

Quant au président de la commission des Finances Eric Coquerel (La France Insoumise), il a épinglé
"des décisions politiques et partisanes, sur ordre de l'exécutif"
.

Mais, a rétorqué Eric Woerth dans le camp présidentiel,
"le chahut constitutionnel voulu par Liot et LFI, c'est ça la véritable atteinte à la démocratie"
.

Et le ministre du Travail Olivier Dussopt a pointé une proposition
"presque nihiliste"
et
"vide"

"Vous ne proposez rien d'autre que vous défausser car vous n'avez pas de projet alternatif commun"
, a-t-il lancé aux soutiens du texte, de la Nupes (gauche) au Rassemblement national (RN, extrême droite) en passant par certains Les Républicains (LR, droite).

Depuis le perchoir, Yaël Braun-Pivet s'est justifiée à plusieurs reprises:
"la Constitution, rien que la Constitution, c'est mon rôle"
.

La présidente de l'Assemblée nationale avait dès mercredi brandi l'article 40 de la Constitution française, qui proscrit toute proposition parlementaire créant une charge pour les finances publiques.


Avec la fin de cette séquence parlementaire, deux jours après une 14e journée de mobilisation sociale dont la participation a été la plus faible enregistrée en cinq mois de manifestations, l'exécutif espère pouvoir tourner la page des retraites.


La France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas, mais les systèmes sont très différents. L'exécutif a justifié son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.


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