Soutenu par d'anciens présidents, le réformateur Mohammad Khatami et le modéré Hassan Rohani, Massoud Pezeshkian, 69 ans, avait plaidé durant la campagne pour un Iran plus ouvert à l'Occident.
Mais depuis le départ fracassant des Américains de cet accord, décidé par l'ancien président républicain Donald Trump en 2018, la République islamique s'est progressivement affranchie de ses engagements.
Téhéran nie avec insistance vouloir se doter de l'arme nucléaire, mais son programme ne cesse de monter en puissance.
Diplomates et experts occidentaux s'accordent aujourd'hui à estimer qu'une victoire de Saïd Jalili aurait paralysé encore plus le dossier. Décrit comme un "dur" par des diplomates européens, "un illuminé qui servait des discours idéologiques" pendant les négociations, il incarne en effet une ligne inflexible.
L'ancien ministre des Affaires étrangères Ali-Akbar Salehi, qui a soutenu Massoud Pezeshkian pendant la campagne, a même révélé au site d'information Entekhab que pour conclure le JCPOA, il avait dû contourner Saïd Jalili, alors secrétaire au Conseil suprême de sécurité nationale, pour l'empêcher d'entraver les discussions.
Et d'ajouter:
Une solution durable pourrait encore s'avérer hors de portée à court terme.
Reste que d'autres personnalités conservatrices et très anti-occidentales ont encore leur mot à dire. Le véritable chef de l'État, c'est le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
La personnalité de Massoud Pezeshkian pèsera, au moins à la marge, mais c'est Khamenei qui donne le ton.
Mais dans le contexte de la guerre à Gaza, Denis Bauchard, ex-directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères, pointe en Iran le "glissement du langage vers une nouvelle doctrine nucléaire" à vocation militaire.
Les élections américaines de novembre pourraient marquer le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, entraînant probablement un nouveau durcissement de Washington.
Or, les Iraniens ont parfaitement conscience qu'un allègement des sanctions se négociera d'abord avec Washington. Le maintien ou non des démocrates au pouvoir est donc une pièce maîtresse du puzzle.
Quant aux Européens, qui sortent tous eux aussi d'élections qui ont changé leur paysage politique, ils conservent une marge de manœuvre réduite.