Désastres aériens au Népal liés aux hautes montagnes, climat instable et défaillances humaines

17:3716/01/2023, Pazartesi
MAJ: 16/01/2023, Pazartesi
AFP
L' accident d'avion Yeti Airlines à Pokhara le 16 janvier 2023. PRAKASH MATHEMA . @AFP
L' accident d'avion Yeti Airlines à Pokhara le 16 janvier 2023. PRAKASH MATHEMA . @AFP

L'histoire du Népal a été marquée par une série de catastrophes aériennes en raison d'une topographie complexe et d'un climat instable, qui rendent le pilotage ardu pour les plus chevronnés, mais aussi de défaillances humaines. 

Après le pire accident survenu dimanche dans la nation himalayenne depuis 30 ans, l'AFP examine les raisons de tant de catastrophes aériennes au Népa


Topographie


"
Le Népal représente un terrain et un environnement difficiles pour l'exploitation d'une compagnie aérienne"
, a déclaré Shukor Yusof, du cabinet de conseil en aviation Endau Analytics, basé en Malaisie. 
"
Il est très difficile pour tout pilote de voler dans cette partie du monde. Certains avions doivent être spécialement conçus pour atterrir à de telles altitudes",
a-t-il déclaré à l'AFP. 

Les montagnes, notamment en cas de mauvais temps, compliquent la tache des pilotes.

Le Népal compte huit des 14 plus hauts sommets du monde, dont le mont Everest, ce qui en fait une destination populaire pour les touristes et les alpinistes.

"
Il y a des vents très forts. Le temps change rapidement, par conséquent je dirais que c'est probablement l'un des endroits les plus risqués au monde pour voler, simplement en raison de la géographie, de la météo et de tous les défis qui en découlent"
, a estimé Greg Waldron, rédacteur en chef pour l'Asie, à Singapour, de FlightGlobal, revue spécialiste du secteur. 

Le Népal possède certaines des pistes les plus éloignées et les plus complexes du monde, flanquées de pics enneigés dont l'approche constitue une gageure même pour les plus chevronnés des pilotes.


Mauvaise maintenance


La mauvaise maintenance des équipements et l'application laxiste de règles de sécurité pèsent sur le secteur du transport aérien népalais en dépit des recommandations internationales. 

L'Union européenne a banni tous les transporteurs népalais de son espace aérien pour des raisons de sécurité. 

Selon Shukor Yusof, le Népal a "
des antécédents plutôt douteux
" en matière de sécurité aérienne. 
"A en juger par ces antécédents, il est clair il reste beaucoup de marge pour qu'ils s'améliorent"
, a-t-il ajouté.
L'expert décrit l'avion ATR (Airbus) qui s'est écrasé dimanche comme
"un cheval de trait très, très fiable qui peut opérer dans des conditions et sur des terrains difficiles"
.
En revanche Greg Waldon a déclaré à l'AFP qu'en visionnant une vidéo montrant les derniers instants du vol, l'avion lui semblait subir un "
décrochage d'aile
", c'est-à-dire qu'une des ailes ne soutient soudainement plus la charge de l'appareil.

Défaut de contrôle


Le Népal a obtenu de mauvais résultats en matière d'enquêtes sur les accidents, lors d'un audit de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) l'an dernier. 

Selon Gerry Soejatman, consultant en aviation basé à Jakarta, l'OACI a constaté que les autorités népalaises n'exerçaient pas un contrôle rigoureux adéquat et
"n'avaient pas la capacité d'appliquer efficacement"
les réglementations et les normes. 
"
Il respecte mal les directives de l'OACI concernant les enquêtes sur les accidents, essentielles pour déterminer les problèmes, fournir des recommandations pour les éliminer et prévenir de futurs accidents"
, a-t-il expliqué à l'AFP.

Catastrophes en série


En 1992, un appareil de Pakistan International Airlines s'est écrasé à l'approche de Katmandou causant la mort de ses 167 passagers, soit l'accident aérien le plus meurtrier de l'histoire du pays.  La plus récente catastrophe aérienne remonte au crash d'un appareil de la compagnie népalaise Tara Air en mai dernier, dont aucun des 22 passagers, 16 Népalais, quatre Indiens et deux Allemands, n'ont survécu. 

Le contrôle du trafic aérien a perdu le contact avec le bimoteur Twin Otter peu après son décollage de Pokhara en direction de Jomsom, une destination populaire pour les grimpeurs. 

Depuis, les autorités ont renforcé la réglementation, les avions n'étant autorisés à voler seulement dans des conditions météorologiques favorables tout au long du trajet. 

En mars 2018, 51 personnes avaient trouvé la mort et 20 autres avaient été grièvement blessés dans le crash d'un avion de la compagnie américaine Bangla Airlines près de l'aéroport international de Katmandou. 

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