Champ gazier d'Al-Durra: au premier plan des conflits anciens et nouveaux entre le Koweït et l'Iran

16:1011/08/2023, vendredi
MAJ: 11/08/2023, vendredi
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Crédit photo: ASAAD NIAZI / AFP / ARCHIVE
Crédit photo: ASAAD NIAZI / AFP / ARCHIVE

Le ministre koweïtien des Affaires étrangères, Salem Abdullah Al-Jaber Al-Sabah a reçu une invitation officielle, la semaine dernière, pour se rendre en Iran, sur fond d'un différend entre le Koweït et l'Arabie saoudite d'une part, et Téhéran d'autre part, autour du champ gazier proche des frontières maritimes des trois pays.

L'invitation iranienne intervient au bout de deux mois de communiqués de presse successifs publiés par les parties koweïtienne et saoudienne, concernant leur droit de prospection des ressources naturelles dans le champ gazier d'Al-Durra.


L'invitation survient également quelques jours après les déclarations du ministre iranien du Pétrole Javad Owji, dans lesquelles il a affirmé que l’Iran ne tolérerait aucune violation de ses droits sur le champ gazier, qui est un sujet de discorde entre Téhéran et le Koweït.

Owji a fait savoir, dans des déclarations accordées dans la capitale Téhéran, que l’Iran a toujours soutenu des solutions pacifiques concernant les problèmes des frontières terrestres et maritimes avec les pays voisins, rapporte l'agence de presse officielle iranienne IRNA.


Le champ gazier est situé dans les eaux du Golfe Persique, et le Koweït et l'Arabie saoudite affirment qu'il est situé dans leurs eaux territoriales, alors que l'Iran revendique, depuis le siècle dernier, son droit sur la région et le champ d'Al-Durra, baptisé sous le nom d’"Arash" utilisé par Téhéran.


La semaine dernière, l'Arabie saoudite et le Koweït ont annoncé dans la journée du jeudi leur
"adhésion au droit de posséder l'intégralité du champ d'Al-Durra"
, contesté avec Téhéran, et les deux pays du Golfe ont appelé
"l'Iran à négocier la frontière orientale de la zone submergée entre eux".

En juillet dernier, l'Arabie saoudite a renouvelé l'appel à l'Iran pour négocier autour de la
"zone immergée divisée"
dans laquelle se trouve le champ, soulignant que "
la richesse de cette zone, y compris le champ d'Al-Durra, est une propriété commune du Royaume et du Koweït seulement".

À l'époque, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, avait déclaré que l’Iran suivait les développements du champ gazier d’"Arash", connu aussi sous le nom d'Al-Durra, situé à la frontière commune avec le Koweït et l’Arabie saoudite.

Le 30 juillet dernier, le ministre iranien du Pétrole, Javad Owji, a déclaré que son pays ne tolérerait aucune violation de ses droits dans le champ d’"Arash", qui est un sujet de discorde entre Téhéran et le Koweït. En mars 2022, l'Arabie saoudite et le Koweït ont signé un accord pour développer le champ d'Al-Durra, un accord qualifié d’
"illégal"
par l'Iran qui a annoncé le début des travaux de prospection dans la région.

Contexte historique


Le champ d'Al-Durra a été découvert en 1960 dans les eaux du Golfe Persique, lorsque le Koweït avait accordé la concession d'exploration à la compagnie internationale Royal Dutch Shell. Au même moment, l'Iran avait aussi accordé à l'Anglo-Iranian Oil Company une concession similaire, entamant ainsi le conflit en 1967.


Les informations concernant le volume de gaz naturel dans le champ sont anciennes, remontant aux années soixante et soixante-dix du siècle dernier. Elles n'ont pas été mises à jour sur la base de nouvelles études, et on estime que le champ contiendrait un volume de 220 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

Pour visualiser le volume de cette quantité de gaz naturel, cela équivaut aux besoins en gaz naturel d'un pays comme l'Égypte pendant une période de près de 4 ans, et équivaut aussi à environ 85 % des exportations de gaz de la Russie vers l'Union européenne avant le début de la guerre avec l'Ukraine.


Malgré les discussions qui se déroulent depuis le siècle dernier concernant la démarcation des frontières maritimes entre le Koweït et l'Iran, les deux pays ne sont parvenus à aucun accord définitif et contraignant.


L'Iran est un pays pétrolier et grand un producteur mondial de gaz naturel, avec des quantités de production annuelle d'environ 260 milliards de mètres cubes, selon les données publiées par le ministère iranien du Pétrole.

Téhéran développe actuellement le champ commun du Nord avec le Qatar, qui a été découvert en 1971, et les estimations iraniennes indiquent qu'il s'agit du plus grand champ gazier du monde, dans la mesure où les deux pays ont progressivement agrandi leurs projets de production depuis cette date.


Accord saoudo-koweïtien


En décembre dernier, l'Arabie saoudite et le Koweït, par l'intermédiaire de l'Aramco Gulf Operations Company et de la Kuwait Gulf Oil Company, ont signé un protocole d'accord pour développer le champ gazier commun d'Al-Durra entre les deux pays.


Le 21 mars 2022, les ministères saoudien de l'Énergie et koweïtien du Pétrole ont convenu, dans le procès-verbal de la réunion signé entre les deux parties, de travailler sur l'exploitation du champ situé entre les deux pays.


Le développement du champ fait partie de la mise en œuvre du protocole d'accord signé par le Royaume et le Koweït le 24 décembre 2019, qui prévoyait des travaux conjoints pour développer et exploiter le champ d'Al-Durra.


Outre le champ gazier d'Al-Durra, et après un différend qui a duré 5 ans, l'Arabie saoudite et le Koweït ont réussi en 2019 à conclure un accord historique concernant la reprise de la production pétrolière dans la zone frontalière divisée (onshore).

La zone neutre entre le Koweït et l'Arabie saoudite abrite les champs d’"Al-Khafji" et d’"Al-Wafra", dont les productions varient entre 500 et 600 mille barils de pétrole par jour, répartis à parts égales entre les deux pays.


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