Burkina Faso: "la politique de ceux qui dirigent la France pose problème en Afrique", selon le capitaine Traoré

16:168/09/2023, vendredi
MAJ: 8/09/2023, vendredi
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Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP
Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP

Le président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a pointé du doigt la politique des dirigeants de la France qui, selon lui, "pose problème en Afrique".

Le dirigeant burkinabè s’exprimait lors d’un entretien enregistré le 31 août et diffusé mercredi soir par la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB, publique), dont la teneur a été dévoilée par le site d’actualité français
"Mediapart".

"Nous ne sommes pas ennemis avec le peuple français, c’est la politique de ceux qui dirigent la France qui pose problème en Afrique, donc tant qu’un État n’est pas dans un esprit impérialiste (...) il n’y a pas de problème"
, a déclaré le capitaine Traoré, cité par
"Mediapart"
.

"Il faut qu’on accepte de se regarder d’égal à égal et qu’on accepte de revoir toute notre coopération"
, a-t-il insisté. Sans la citer nommément, il a critiqué la politique de la France consistant à
"donner l’indépendance"
et
"placer des gens"
à
"la tête de certains États".

Selon le président burkinabè,
"on a amené les gens à signer beaucoup d’accords (...) qui nous empêchent de nous développer".
Il a ajouté:

Les États impérialistes, ce n’est pas uniquement la France, il y en a d’autres.

Le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir depuis près d’un an à la faveur d’un coup d’État, a également remis en question la présence des soldats de la France au Burkina Faso dans le cadre de la lutte antiterroriste, dont il a exigé le départ en janvier.


Ouagadougou cherche, depuis, de nouvelles coopérations.
"Nous avons de nouveaux partenaires qui nous appuient en termes d’équipements et autre"
, a-t-il fait observer, sans les nommer.

La cheffe de la diplomatie burkinabè, Olivia Rouamba, avait exprimé lundi le souhait de son pays de
"renforcer la coopération bilatérale"
avec l’Iran, lors d’un entretien à Téhéran avec le président Ebrahim Raïssi.

Une délégation russe a échangé également avec le capitaine Traoré la semaine dernière à Ouagadougou, sur des questions de développement et de coopération militaire et le dirigeant burkinabè s’est rendu en juillet à Saint-Petersbourg pour prendre part au sommet Russie-Afrique.


Il a réaffirmé le soutien du Burkina Faso au Niger, où les militaires ont pris le pouvoir le 26 juillet. Le Burkina partage avec le Mali, et le Niger la zone dite des
"trois frontières"
considérée comme un repaire de groupes armés.

Dans la plupart des pays du Sahel, un sentiment anti-français s’est rapidement développé ces dernières années.


"Les attaques contre l’ambassade de France à Ouagadougou et l’Institut Français de Bobo Dioulasso, le 1er octobre 2022, les manifestations régulières au Mali, au Burkina Faso ou au Niger contre la présence française, le pillage des magasins français à Dakar, en mars 2021, ou les nombreuses invectives contre des responsables politiques français"
, sont des illustrations d’un sentiment anti-français au Sahel, selon une analyse publiée en janvier 2023 par le think tank indépendant, l'Institut Montaigne.

D’après cet Institut,
"une majorité de la population"
du Sahel
"rejetterait la présence française sous toutes ses formes (militaire, en premier lieu, mais aussi diplomatique et économique)"
.

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