Déployée une journée de décembre aux abords de la gare de Croydon, dans le sud de Londres, une caméra-test a permis grâce à l'intelligence artificielle l'interpellation de dix suspects, notamment dans des affaires de menaces de mort, fraude bancaire, vol, ou encore détention d'une arbalète.
Cette volonté a scandalisé certains députés de tous bords, qui souhaitent que le régulateur du secteur prenne des mesures pour empêcher les abus.
La reconnaissance faciale implique le traitement, en masse, de données biométriques sensibles d'un nombre énorme de personnes, souvent à leur insu.
Les parlementaires soulignent en outre les risques liés à l'utilisation de cette technologie dans les espaces privés, affirmant que certains pourraient être dissuadés de faire des achats essentiels, de nourriture par exemple, ou bien encore de faire l'objet d'interventions intrusives ou de confrontations avec des agents de sécurité.
L'année dernière, le propriétaire de la chaîne de magasins Sports Direct a défendu l'usage de la reconnaissance faciale, expliquant que celle-ci a entraîné une baisse des vols et des violences envers le personnel.
Du côté des défenseurs des droits civils, Mark Johnson, de l'organisation Big Brother Watch, voit dans la reconnaissance faciale:
Un outil orwellien de surveillance de masse qui fait de nous tous des cartes d'identité ambulantes.
Les opposants font valoir qu'elle laisse trop de pouvoir sans contrôle aux mains de la police, à qui la loi a récemment conféré des possibilités accrues pour procéder à des interpellations lors de manifestations.
Les préoccupations se concentrent en particulier sur le manque de droit de regard sur la manière dont la police compose ses listes de surveillance, dans lesquelles se trouvent selon les détracteurs de la reconnaissance faciale des manifestants, des personnes souffrant de problèmes psychologiques, sans être soupçonnés de la moindre infraction.
Les forces de l'ordre assurent que sont immédiatement et automatiquement supprimées les données de quiconque ne figurant pas sur une liste de surveillance.
Le ministère de l'Intérieur insiste sur le fait que le droit actuel régit strictement l'utilisation de cette technologie.
En juin 2023, le Parlement européen a réclamé l'interdiction des systèmes automatiques de reconnaissance faciale dans les lieux publics.
Au Royaume-Uni, les députés qui y sont opposés veulent même aller plus loin.