Asian Cup 2024: 90 minutes de "fierté" palestinienne

La rédaction
11:1730/01/2024, mardi
MAJ: 30/01/2024, mardi
AFP
Les joueurs de la Palestine célèbrent leur premier but lors du match de football de la Coupe d'Asie AFC 2023 au Qatar entre le Qatar et la Palestine au stade Al-Bayt à al-Khor, au nord de Doha, le 29 janvier 2024.
Crédit Photo : Hector RETAMAL / AFP
Les joueurs de la Palestine célèbrent leur premier but lors du match de football de la Coupe d'Asie AFC 2023 au Qatar entre le Qatar et la Palestine au stade Al-Bayt à al-Khor, au nord de Doha, le 29 janvier 2024.

Qu'importait le résultat, la guerre et les tensions, seul le maillot n°7 de Musab Al-Battat comptait lundi à Al-Dhahiriya, en Palestine occupée. Dans le village natif du capitaine de l'équipe de Palestine, le huitième de finale de la Coupe d'Asie des nations a été 90 minutes de "fierté".

Les chaises en plastique ont été installées en demi-cercle, des heures avant le coup d'envoi. Bonbons et perruque noire, verte et rouge, pour les enfants. Cigarettes pour les hommes. Quatre générations sont réunies dans la terrasse couverte pour encourager les Lions de Canaan.


Parmi les fans, la grand-mère de Musab Al-Battat, 80 ans, les mains ouvertes au ciel pour implorer la victoire.


Crédit Photo : HAZEM BADER / AFP
La grand-mère du défenseur et capitaine palestinien n°07, Musab al-Battat, prie en regardant la diffusion en direct à la télévision du match de football de la Coupe d'Asie de l'AFC 2023 entre le Qatar et la Palestine, dans leur maison familiale du village d'al-Dhahiriya, au sud de Hébron, en Palestine occupée, le 29 janvier 2024.

Première explosion de joie à la 36e minute quand la Palestine ouvre le score contre le Qatar, allié politique mais adversaire sportif du jour.
Des rires qui contrastent avec le vrombissement d'avions de chasse israéliens.

Pour la première fois de son histoire, la Palestine a atteint les phases finales de la compétition continentale qui se tient au Qatar jusqu'au 10 février. Mais l'ambiance n'est pas à la fête en Palestine occupée.
"Les raids sont quotidiens"
, glisse Hanaa Al-Hawarin, la mère du joueur. 

Crédit Photo : HAZEM BADER / AFP
La joie des Palestiniens à l'ouverture du score de la Palestine.

La rive occidentale du Jourdain, occupée par Israël depuis 1967, est le théâtre de violences sans précédent depuis deux décennies. Dans les localités avoisinantes, aucun drapeau palestinien ne flotte autre que celui fané qui décore les terre-pleins ici ou là. A quelques heures du match, aucune liesse particulière n'animait les rues commerçantes d'Hébron, la grande ville la plus proche.


Il y a surtout les bombes sur la bande de Gaza, distante de quelques dizaines de kilomètres à peine. La guerre a été déclenchée par Israël, qui a fait 26.422 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Fierté et colère


Au niveau sportif, tout a été plus compliqué encore. Les championnats de Palestine occupée et de la bande de Gaza sont suspendus. L'équipe de Palestine s'est entraînée à l'étranger.


La fierté de voir son fils porter ses couleurs se mêle donc à la colère, explique Khaled Al-Battat, père du capitaine palestinien.


Derrière cet ouvrier en bâtiment qui travaillait en Israël avant que son permis ne soit suspendu du fait de la guerre, on aperçoit les terrains vagues de terre ocre et les ruelles peu passantes du village vallonné où son fils a appris à dribbler.


Crédit Photo : HAMZA BADER / AFP

Musab Al-Battat a commencé à onze ans. Il a toujours aimé le foot, raconte son père.
"Si on ne lui donnait pas un ballon, il transformait n'importe quoi en ballon, même un sac en plastique. C'est une passion depuis qu'il est tout petit et elle a grandi avec lui jusqu'à ce qu'il devienne capitaine d'une équipe nationale"
, raconte-t-il, les yeux remplis de fierté. 

"S'il n'y avait pas l'occupation, le niveau aurait été plus élevé"
, veut croire sa mère. Elle évoque les restrictions en série, les routes bloquées par des contrôles militaires, ou ces démarches administratives pour aller jouer à l'étranger qui peuvent prendre
"des semaines"
, sans garantie. 

Rien que le fait de réunir l'équipe, entre joueurs de Cisjordanie et de Gaza, est compliqué, dit-elle. Mais pendant le match, ces difficultés sont mises sur la touche. Et les encouragements fusent.


L'écran se fige quelques secondes. Quand la connexion revient, les images affichent le score final: victoire du Qatar 2-1. 


"Je suis fier de mon frère et des autres joueurs",
réagit Ismaïl Al-Battat, l'un des frères du joueur.

Arriver en 8e est déjà une bonne étape, ce n'est pas la fin du chemin

Un parcours inédit


Cette année, c'est la première fois que la Palestine se qualifiait pour les huitièmes de finale de la coupe d'Asie.


Le parcours de la Palestine était particulièrement suivi alors que le conflit entre Israël et le Hamas continue de faire rage dans la bande de Gaza, et que de nombreux drapeaux palestiniens et supporters arborant des keffiehs étaient visibles en tribunes. Une minute de silence a été observée avant la rencontre.


Les Palestiniens ont pourtant été les premiers à se procurer de belles occasions et ont ouvert le score
grâce à l'attaquant de Charleroi Oday Dabbagh (37e), auteur d'un beau numéro dans la défense qatarie avant de conclure d'une frappe croisée parfaitement placée.

Mais le Qatar, vainqueur de la compétition en 2019, a rapidement inversé la tendance, par Hassan Al Haydos sur corner (45e+6) puis par Akram Afif sur pénalty (49e).


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