La fin du gouvernement du chancelier, actée de facto mercredi soir par le départ de tous les ministres libéraux, qui le prive de majorité, ne pouvait tomber à un plus mauvais moment pour la première économie européenne.
Le chancelier va tenter d'apaiser les inquiétudes en se rendant jeudi en Hongrie à une réunion de la Communauté politique européenne (CPE), composée des 27 pays de l'UE et de leurs voisins, de la Turquie à l'Ukraine.
Elle sera suivie d'une rencontre informelle des seuls dirigeants des Vingt-Sept, pour beaucoup déjà sonnés par la victoire de Donald Trump, enclin à engager des batailles commerciales et douanières avec le Vieux continent.
En cause: de profonde divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre, les premiers étant partisans d'une relance de l'économie nationale en panne par les dépenses, alors que les Libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
Olaf Scholz espère encore pouvoir tenir quelques mois pour diriger un gouvernement minoritaire et faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorité au cas par cas.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l'origine de la crise actuelle, c'est l'incertitude. Faute d'adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Olaf Scholz et Christian Lindner ont étalé leurs griefs par micros interposés.
Le divorce a été acté après une ultime journée de pourparlers organisés mercredi pour tenter de sauver l'exécutif dirigé par M. Scholz depuis fin 2021.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, autre figure du parti écologiste, a déploré:
Ce n'est pas un bon jour pour l'Allemagne, ni pour l'Europe.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l'équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l'économie et l'immigration, et par des querelles de personnes.
Olaf Scholz espérait que l'élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs.
Mais c'est le contraire qui s'est produit. Le FDP a jugé que l'élection aux Etats-Unis rendait encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne.
Mais il aurait du mal lui aussi à former une coalition majoritaire, avec l'extrême droite AfD, en embuscade en deuxième position dans les enquêtes d'opinion.