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Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, Ankara, le 13 décembre 2024.
Le ministre turc des affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que les développements en Syrie ne peuvent pas être caractérisé comme une "prise de contrôle" de la Türkiye
Fidan a fait des déclarations à la chaine d'information française France 24 concernant les développements en Syrie, et l'avenir de ce pays voisin du sud de la Türkiye.
Interrogé sur l'importance de la rencontre entre la délégation américaine de haut niveau et la nouvelle administration à Damas, Fidan a déclaré:
"Je pense que c'est très important. Avant les responsables américains, des représentants de certains pays européens et d'organisations internationales se sont également rendus à Damas. Nous constatons que des contacts sont établis avec la nouvelle administration de Damas. C'est un développement important."
"J'ai l'intention de rencontrer la nouvelle administration de Damas"
, a par ailleurs fait savoir le ministre turc.
Fidan a répondu à une question sur la raison pour laquelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) n'a pas été retiré de la liste des organisations terroristes de la Türkiye:
"Le fait de les inscrire sur la liste est une question liée à la liste des Nations unies. Bien sûr, nous nous conformons aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, mais il y a maintenant une situation différente où la dimension légale et la dimension de facto se contredisent"
, a-t-il répondu.
Il a expliqué qu'il n'avait pas constaté que le HTS s'était engagé dans des activités terroristes au cours des dix dernières années:
"C'est une question que non seulement nous mais aussi les organisations de renseignement occidentales ont identifiée".
A la question,
"Vous étiez chef des services de renseignement avant de devenir ministre des affaires étrangères. Je suppose que vous avez eu des contacts avec le chef du HTS connu sous le nom d'Ahmed al-Shara. Ont-ils été utiles dans la lutte contre des groupes terroristes tels que Daech ou Al-Qaïda?"
Fidan a déclaré que les HTS avaient bien coopéré en matière de partage de renseignements, en particulier dans la lutte contre Daech, et qu'ils leur avaient été d'une grande aide.
Les HTS coopèrent avec nous depuis des années pour recueillir des renseignements sur Daech et les organisations liées à Al-Qaida.
Par ailleurs, lorsqu'on lui a demandé si le HTS avait coopérer avec la Türkiye sur des cibles telles qu'Abu Bakr al-Baghdadi, l'ancien chef de Daech, Fidan a répondu que le HTS coopérait avec la Türkiye sur de telles cibles.
"Il pourrait y avoir une augmentation significative des retours en Syrie dans la période à venir"
Le retour des réfugiés syriens de Türkiye a également été abordé.
"Nous essayons de préparer un environnement dans lequel les Syriens en Türkiye et dans d'autres pays peuvent retourner dans leur pays de leur plein gré et en toute sécurité. Nous travaillons dur pour créer un terrain où ils peuvent se sentir en sécurité, mais ce n'est pas quelque chose que l'on peut forcer. Bien sûr, nous ne pouvons pas les forcer à rentrer".
"Mais bien sûr, il pourrait y avoir une forte augmentation du retour en Syrie dans la période à venir. C'est ce que nous pensons"
, a-t-il dit.
Interrogé sur les affirmations du président américain élu Donald Trump concernant le rôle de la Türkiye dans le changement de pouvoir en Syrie, Fidan a déclaré:
"Je pense que le président élu Trump n'avait pas l'intention d'utiliser une caractérisation négative lorsqu'il a dit cela. Je pense qu'il a dit cela pour faire l'éloge de ce qui s'est passé, mais l'incident en Syrie ne peut pas être caractérisé comme une 'prise de contrôle' de la Türkiye. S'il y a une prise de pouvoir, c'est celle du peuple syrien."
Le sort des bases russes est l'affaire du peuple syrien.
"Ce que beaucoup ont du mal à croire, c'est que l'Iran et la Russie, qui ont investi massivement dans le soutien à Bachar Assad il y a quelques années, se sont soudainement retirés sans tirer une seule balle. Il y avait un accord, n'est-ce pas ?"
. À cette question, le ministre turc a répondu :
Je ne dirais pas qu'il s'agit d'un accord.
"Le président russe sait très bien ce qui est important, ce qui l'est moins, ce dans quoi on peut investir, si quelque chose est durable ou non. Je pense donc qu'il a fait le dernier calcul sur la Syrie et qu'il a décidé de ne pas aller plus loin"
, a estimé Fidan.
A la question de savoir si cela peut être perçu comme un
par Poutine, Fidan a répondu:
"Je ne sais pas si l'on peut dire qu'il a 'abandonné'. Cela n'en a pas l'air. Après tout, Assad est actuellement à Moscou".
A la question de savoir pourquoi l'Iran a cessé de soutenir le régime d'Assad, le ministre a répondu:
"Je pense que l'Iran a également recalculé toutes les options et a fait preuve d'une approche très réaliste."
Au sujet de l'avenir des bases russes en Syrie, le chef de la diplomatie turque a répondu:
"C'est une question qui relève du peuple syrien. S'ils parviennent à un accord, c'est leur décision, donc nous verrons, mais pour l'instant, les Russes sont en train de redéployer leurs troupes. À la fin de ce processus, nous ne savons pas combien d'entre eux resteront dans les bases en Syrie".
"La lutte contre Daech est toujours utilisée comme prétexte"
A la question
"Savez-vous que la présence américaine en Syrie est deux fois plus importante que ce que l'on sait ?"
, Fidan a répondu qu'ils s'étaient rendu compte que leur nombre avait augmenté au cours des dernières semaines.
Il a soulignant que les États-Unis ont renforcé leur présence militaire en Syrie sous le prétexte de
"L'expression 'combattre Daech' est toujours utilisée comme excuse. Ce qu'ils appellent la 'lutte contre Daech' ne consiste en fait qu'en une seule chose: maintenir les prisonniers de Daech en prison. C'est tout. Malheureusement, nos amis américains et certains de nos amis européens utilisent une autre organisation terroriste pour maintenir des terroristes en prison"
, a-t-il déclaré.
Soulignant que ce n'est pas la bonne décision, Fidan a déclaré qu'ils devraient parvenir à un accord avec les États-Unis sur des questions telles que le maintien des prisonniers de Daech là où ils sont, la liquidation du PKK/YPG et la garantie des droits fondamentaux et de la sécurité des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes.
Les YPG/PKK savent très bien ce que nous voulons.
À la question de savoir si la Türkiye prendra des mesures militaires contre le PKK/YPG dans le nord-est de la Syrie, Fidan a répondu:
"Le YPG est une organisation terroriste créée artificiellement par des personnes originaires de Türkiye, d'Irak, de Syrie et de certains pays d'Europe. Je pense que cette organisation terroriste artificielle devrait être démantelée immédiatement. Il y a une nouvelle administration en Syrie en ce moment. Je pense qu'elle devrait s'occuper de cette question. L'intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie l'exigent. Cela doit être fait".
Fidan a déclaré que la gestion de cette question par la nouvelle administration syrienne est
"l'une des voies voulues par la Türkiye"
et a ajouté:
Mais si cela ne se produit pas, alors bien sûr nous devons protéger notre propre sécurité nationale.
A la question
"Alors, une intervention militaire est-elle possible?"
, Fidan a répondu:
"Tout ce qui est nécessaire sera fait".
Il a noté que le PKK/YPG devrait trouver une solution en négociant avec Damas.
"Parce qu'il y a maintenant une nouvelle administration à Damas. La Russie, l'Iran et le régime d'Assad ne sont plus derrière le YPG/PKK".
Fidan a expliqué que la Russie, l'Iran et Assad avaient offert un terrain sur lequel les YPG pouvaient s'asseoir, et que les États-Unis et certains pays européens soutenaient les YPG sur ce terrain.
"Mais maintenant, ce terrain a disparu. Il y a maintenant une nouvelle réalité à Damas. Il faut espérer que la nouvelle administration de Damas se penchera sur ces questions. D'un autre côté, les YPG/PKK savent très bien ce que nous voulons. Nous ne voulons voir aucune menace peser sur notre pays. Nous ne voulons pas de menaces existantes ou potentielles".
"Tous les acteurs concernés à qui j'ai parlé sont plus optimistes, et nous sommes plus optimistes"
Interrogé sur la possibilité d'un cessez-le-feu à Gaza à court terme, Fidan a déclaré:
"Tous les acteurs concernés avec lesquels je me suis entretenu sont plus optimistes et nous sommes plus optimistes, mais je ne sais pas si cela est basé sur des vœux pieux ou sur la réalité. Il est vrai que, dans une certaine mesure, Israël et le Hamas, les deux parties, se rapprochent d'une solution, mais à quel point? Sont-ils assez proches pour vraiment combler le fossé? Seront-ils capables de parvenir à un cessez-le-feu cette fois-ci? Nous le verrons bientôt".
À la question de savoir si le Hamas se rapproche également de cette solution, Fidan a répondu par l'affirmative.
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