À Paris, des centaines de femmes exilées vivent leur maternité à la rue

La rédaction
13:2011/03/2024, Pazartesi
AFP
La situation n'est pas propre à Paris. Mi-février, cinq grandes villes françaises ont annoncé poursuivre l'État pour dénoncer ses "carences" en matière d'hébergement d'urgence.
Crédit Photo : Daniel_Nebreda / X
La situation n'est pas propre à Paris. Mi-février, cinq grandes villes françaises ont annoncé poursuivre l'État pour dénoncer ses "carences" en matière d'hébergement d'urgence.

Face à la mairie de Paris, une cinquantaine de femmes attendent un toit pour la nuit. Vivre sa maternité dans la rue devient l'ordinaire de nombre d'exilées.

Yann Manzi, cofondateur de l'association Utopia 56, qui tient chaque soir une permanence place de l'Hôtel de Ville pour aider les femmes enceintes ou avec bébé à trouver un hébergement, dénonce:


On est montés jusqu'à 200 personnes. En France, il y a la volonté politique d'un accueil par le trottoir.

La journée, les femmes viennent se réchauffer, se laver et se restaurer dans des accueils de jour, comme aux "Amarres", sur les quais de Seine.


Pour inscrire les femmes en maternité en allant parfois les chercher jusque sous les ponts, une sage-femme
"volante"
de la Protection maternelle et infantile (PMI), Véronique Boulinguez, a été recrutée par la Ville de Paris en 2016.

"Avant, il arrivait qu'on voit des femmes enceintes à la rue, on était affolés mais on finissait toujours par trouver une solution"
, se rappelle-t-elle. Et de s'interroger:

Maintenant on en est à supplier pour que les femmes soient mises à l'abri au dernier trimestre de grossesse. Est-ce normal pour un bébé de trois mois d'être dehors ?

"Parcours de catastrophes"


Pour dormir au chaud, des familles s'abritent
"dans des cages d'escalier ou des locaux à poubelles
", constate la sage-femme.

La Ville de Paris observe:


Pendant longtemps, la place des femmes sans-papiers en très grande précarité est restée cachée parce qu'elles étaient hébergées chez des tiers.

Au début des années 2010, les grandes vagues migratoires se sont féminisées, s'accompagnant de psycho-traumatismes sévères liés notamment au voyage.   


Pour tenter de faire face, la mairie de Paris a ouvert en 2019 un centre de protection maternelle qui a offert un accompagnement à plus de 2.300 femmes.

Pour chaque nouvelle arrivante, l'assistante socio-éducative Laura Denoune dresse un bilan complet: statut, domiciliation, date d'accouchement, alimentation...


Cécile-Laure Lecuit tente elle de faire de l'échographie prénatale
"un moment joyeux de rencontre avec le bébé"
. Mais certaines patientes ne regardent pas l'écran. Elle se souvient:

Quand je suis arrivée en PMI j'ai eu l'impression que la grossesse était vécue comme une catastrophe de plus dans un parcours de catastrophes.

La situation n'est pas propre à Paris. Mi-février, cinq grandes villes françaises ont annoncé poursuivre l'État pour dénoncer ses
"carences"
en matière d'hébergement d'urgence.

"Les situations sont extrêmement dégradées à un niveau complètement inédit",
témoigne la maire de Rennes Nathalie Appéré, qui appréhende
"avec beaucoup d'inquiétude la fin de la trêve hivernale",
qui empêche les expulsions de logements du 1er novembre au 31 mars. 

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