Inde: L'empire Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars

13:252/02/2023, jeudi
MAJ: 2/02/2023, jeudi
AFP
Crédit photo : AFP
Crédit photo : AFP

Le conglomérat du magnat indien Gautam Adani a perdu plus de 100 milliards de dollars en valeur depuis les accusations de fraude comptable portées la semaine dernière et le cours de plusieurs de ses titres a continué de plonger jeudi.

Les échanges de titres de plusieurs entreprises de l'empire Adani ont été suspendus jeudi après un plongeon du cours dès l'ouverture de la Bourse de Bombay.


Le titre d'Adani Enterprises, fleuron du conglomérat, a dégringolé de 14% jeudi, perdant la moitié de ce qu'il valait au début de l'année et Adani Total Gas dont le géant français TotalEnergies détient 37,4%, a perdu 52% de valeur du 1er janvier.

La déroute de ses titres fait suite aux accusations de fraude comptable portées par la société d'investissements américaine Hindenburg Research la semaine dernière.


Selon l'agence Bloomberg, cette affaire a fait perdre 104 milliards de dollars de la valeur des entreprises cotées du conglomérat, et la fortune personnelle d'Adani a fondu de plusieurs dizaines de milliards de dollars.


M. Adani a en conséquence perdu son titre d'homme le plus riche d'Asie et se place à présent au 16e rang du classement des grandes fortunes mondiales établi par Forbes en temps réel.


Le groupe a annulé mercredi soir son offre publique de suivi (FPO) de 2,5 milliards de dollars d'actions d'Adani Enterprises qui avait été sursouscrite la veille, le magnat en difficulté ayant considéré qu'il ne serait pas
"moralement correct"
de poursuivre l'opération.

Actifs robustes


Cette vente était censée contribuer à réduire les niveaux d'endettement préoccupants de l'entreprise et à restaurer la confiance en élargissant sa base d'actionnaires.


M. Adani a insisté en personne dans une vidéo diffusée jeudi que les
"fondamentaux de notre entreprise sont très solides, notre bilan est sain et nos actifs robustes".

"Une fois que le marché se sera stabilisé, nous réexaminerons notre stratégie sur le marché des capitaux"
, a-t-il déclaré, soulignant que son bilan en matière de remboursement de la dette était
"impeccable".

Le conseil d'administration du groupe avait auparavant expliqué dans un communiqué avoir
"décidé, dans l'intérêt des souscripteurs, de ne pas procéder"
au FPO, annonçant que les souscripteurs seraient remboursés.

Parmi les souscripteurs de cette cession se trouvaient notamment les magnats Sajjan Jindal et Sunil Mittal, a rapporté Bloomberg News, citant des sources ayant requis l'anonymat.


Mercredi à la clôture de la Bourse, le titre de Adani Enterprises avait dévissé de 28,45% à 2.128,70 roupies.

Selon l'agence Bloomberg, ce plongeon serait lié à une information selon laquelle le groupe bancaire Credit Suisse avait cessé d'accepter les obligations du conglomérat Adani comme garantie collatérale pour les prêts sur marge accordés à ses clients de la banque privée.


Interrogé par l'AFP, Credit Suisse n'a pas souhaité faire de commentaires.


Depuis d'autres groupes bancaires comme Citigroup aux États-Unis ont fait de même, toujours selon Bloomberg.


Le conglomérat de M. Adani subit durement les accusations d'Hindenburg Research publiées faisant état d'une
"manipulation éhontée des actions et d'un système de fraude comptable sur plusieurs décennies".

Le conglomérat y avait réagi dimanche en se disant victime d'une attaque
"malveillante"
visant à salir sa réputation.

"Ce n'est pas seulement une attaque injustifiée contre une entreprise spécifique, mais une attaque calculée contre l'Inde, l'indépendance, l'intégrité et la qualité des institutions indiennes, ainsi que l'histoire de la croissance et l'ambition de l'Inde",
a-t-il répliqué dans une longue déclaration qui semble ne pas avoir convaincu les investisseurs.

Pas de risque systémique


M. Adani, 60 ans, a vu son empire se développer à vitesse grand V, le cours d'Adani Enterprises s'étant envolé de plus de 1.000% ces cinq dernières années.


Le magnat a fait fortune dans les ports et le commerce des matières premières. Il dirige aujourd'hui le troisième plus grand conglomérat de l'Inde avec des intérêts allant de l'exploitation du charbon et des huiles comestibles, aux aéroports et aux médias.


Selon Srinath Sridharan, analyste indépendant des marchés, cette crise est un test pour les régulateurs financiers indiens.


"Posent-ils des questions, exigent-ils des informations ? Tout cela est extrêmement important"
, a déclaré Sridharan à l'AFP.

La Banque centrale indienne a demandé aux prêteurs des détails sur leur exposition au groupe Adani, a rapporté Bloomberg.


Le Parlement a dû être ajourné jeudi matin après des éclats répétés de députés exigeant du gouvernement un débat sur Adani et le niveau d'exposition des banques du secteur public et des institutions financières.


Le marché boursier indien est resté stable depuis la débâcle Adani et le ministre indien de la Technologie, Ashwini Vaishnaw, a affirmé sur Bloomberg TV qu'il ne craignait pas d'effet systémique.

"L'Inde possède un très large éventail de sociétés",
a-t-il déclaré,
"quel que soit le soubresaut sur le marché boursier, il ne va pas affecter l'ensemble de l'économie, j'en suis tout à fait certain".

À lire également :


#Inde
#fraude
#banque