Élégant dans son boubou vert olive, médailles et décorations sur la poitrine, Oumar Diémé songe à ceux qui ont porté l'uniforme français lors des deux Guerres mondiales ou, comme lui, en Indochine et en Algérie, et qui ne sont pas revenus.
Oumar Diémé fera partie des porteurs de la flamme quand elle traversera la Seine-Saint-Denis fin juillet, peu avant la cérémonie d'ouverture des Jeux programmée le 26. Ce département situé au nord-est de Paris, il y a vécu, dans un foyer à Bondy, avant de revenir en 2023 au Sénégal.
Oumar Diémé n'avait jamais entendu parler de la flamme. Il a dit oui quand même, mais "compte tenu de mon âge, je voudrais être accompagné par mon fils".
M. Diémé est un des milliers d'Africains à s'être battus dans le corps des tirailleurs sénégalais, créé en 1857. Ils venaient en fait des colonies françaises en Afrique subsaharienne, et pas seulement du Sénégal.
Rentré au Sénégal, il en est reparti en 1959 pour la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962). C'est là qu'il a appris l'indépendance du Sénégal en 1960.
Rapatrié, il a été reversé dans l'armée du Sénégal et a pris sa retraite à 36 ans. Il a été garde à l'Université de Dakar puis coursier dans une banque de la capitale jusqu'en 1988. Puis il s'est établi en France.
Lui et d'autres anciens tirailleurs vivant à Bondy ont dû à nouveau livrer bataille, à l'État français cette fois. Il a fini par obtenir la nationalité française. En 2023, le gouvernement français a accordé aux derniers tirailleurs le droit de continuer à toucher le minimum vieillesse de 950 euros par mois sans devoir passer la moitié de l'année en France.
Les autorités françaises chiffraient alors à 37 le nombre de tirailleurs vivant en France.
Oumar Diémé et d'autres sont rentrés. Depuis, il alterne entre son village natal, où il achève la construction d'une vaste maison en dur, et la capitale où vit une de ses deux épouses et mères de nombreux enfants.