Le film "Tirailleurs", qui raconte l'histoire des tirailleurs sénégalais, avec l'acteur français d'origine sénégalaise Omar Sy, a remis à l'ordre du jour le sort réservé par la France aux soldats africains pendant la période coloniale.
Le rôle principal d'Omar Sy, acteur mondialement connu d'origine sénégalaise, a permis à la question des tirailleurs sénégalais, une sorte de blessure ouverte pour les Africains, d'atteindre un large public au-delà des frontières de l'Afrique et de la France.
-Une unité d'infanterie coloniale
Fondée en 1857 par Napoléon III, l'unité d'infanterie coloniale était composée de soldats recrutés en Afrique subsaharienne, alors sous colonisation française.
Depuis la bataille de Verdun à Gallipoli lors de la première et de la seconde guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais ont combattu en première ligne sous le drapeau de la France sur de nombreux fronts jusqu'en 1960, date de l'indépendance de nombreux pays africains.
Les tirailleurs sénégalais étaient également au front pendant la guerre d'Indochine, en Algérie et à Madagascar.
Au début de la première guerre mondiale, la France, désavantagée sur le plan démographique face à l'Allemagne, veut combler ce déficit avec des tirailleurs sénégalais. Elle se heurte d'abord à la résistance de la population.
Blaise Diagne tente de convaincre les leaders d'opinion et les chefs religieux en arguant que les personnes qui partent au front bénéficieront de nombreux droits et même de la citoyenneté.
Le fondateur et chef de l'ordre Muridi, Cheikh Ahmedou Bamba, se porte également volontaire pour envoyer son fils au front. Son disciple et acolyte, Ibrahima Fall, n'est pas du même avis et envoie son fils Fallou Fall à la place du fils de Bamba.
Sy et Fall seraient morts à Thessalonique au début de la Première Guerre mondiale.
Victimes des épidémies et utilisés comme cobayes
Certains des tirailleurs sénégalais, dont les uniformes, les camps et même les rations étaient différents de ceux des soldats français, sont également morts à cause des conditions hivernales peu familières et des épidémies.
Au cours des premiers mois de 1916, une caserne spéciale a été préparée dans la ville de La Teste-de-Buch, en Gironde, afin que les soldats amenés en France depuis l'Afrique subsaharienne puissent s'adapter aux conditions hivernales.
La construction de cette caserne, dite "Corneau", dans une zone très humide et marécageuse, a provoqué des infections respiratoires supérieures mortelles chez les tirailleurs sénégalais, déjà peu habitués aux conditions hivernales.
Au lieu d'évacuer le camp, les autorités françaises ont testé sur les soldats un vaccin rapidement mis au point par le ministère de la Défense et l'Institut Pasteur.
Dans ce camp de la mort, composé de 600 baraquements et éloigné de la ligne de front, où 27 000 tirailleurs sénégalais ont séjourné pendant environ une année et demie, 958 soldats sont morts à cause des épidémies et des essais de vaccination.
Les corps des tirailleurs ont été jetés dans des fosses, leur identité n'a jamais été établie et leurs familles n'ont jamais appris ce qui était arrivé aux soldats.
Le massacre de Thiaroye
Les tirailleurs sénégalais ont été massacrés par la France, pour laquelle ils ont combattu pendant la première et la deuxième guerre mondiale.
Les soldats capturés par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale, puis libérés par les Américains en 1944, ont été amenés à la caserne de Thiaroye, près de Dakar, où ils ont été détenus pendant un certain temps.
Les corps des soldats ont été jetés dans des fosses, mais il existe également un cimetière symbolique à la caserne de Thiaroye.
Le massacre a lieu le 1er décembre. Depuis 2004, la mémoire des tirailleurs sénégalais est commémorée par divers programmes chaque 1er décembre.