Crédit Photo : BORIS HORVAT / AFP
La prison des Baumettes 2, le 6 novembre 2017, à Marseille.
Trois mois de prison ferme et trois ans d'interdiction de stade ont été requis mardi par le parquet de Marseille contre deux supporters lyonnais jugés notamment pour des saluts nazis et des cris racistes avant la rencontre OM-OL, finalement reportée, de l'automne dernier.
Ces incidents en tribunes s'étaient inscrits dans une soirée particulièrement tendue à l'occasion de "l'Olympico" lors de la 10e journée de Ligue 1, le 29 octobre.
Le premier prévenu, âgé de 33 ans, est accusé d'avoir effectué un salut fasciste à l'encontre de supporters marseillais dans les tribunes et d'avoir proféré des cris racistes.
"Sur le moment, c'était un geste d'agacement et de provocation lié à un contexte d'extrême tension"
, a-t-il expliqué, estimant que
"dans le monde des tribunes, des invectives se lancent. (...) C'est un acte isolé que je regrette profondément".
Le second prévenu âgé de 35 ans, un
"ami de plus de 15 ans rencontré autour de la passion du foot"
, est lui accusé d'avoir brandi un drapeau d'un groupuscule de supporters ultras de l'Olympique lyonnais appelé "Mezza Lyon", groupe non reconnu par l'OL et lié à l'extrême droite.
Tous les deux ont expliqué l'avoir co-fondé
"il y a une dizaine d'années avec 5-6 copains"
et en sont toujours des membres actifs.
Sur ce drapeau noir portant une carte de France blanche sur fond noir figurait notamment un lion et trois fleurs de lys, emblème de la ville de Lyon, mais dont la typographie avait été
pour ressembler à celui
"de la division Charlemagne",
une division de la Waffen-SS de la Seconde Guerre mondiale, a rappelé le parquet.
Avaient également circulé sur les réseaux sociaux des photos de ce même drapeau "Mezza Lyon" posé sur la tombe de Mussolini, en Italie, ou arborant également des croix celtiques dont l'usage politique est généralisé dans les mouvements d'extrême droite.
Les deux prévenus ont cependant contesté tout lien de "Mezza Lyon" avec l'idéologie fasciste. Ils assurent aussi n'avoir jamais eu connaissance des photos incriminées.
Des arguments balayés par les six parties civiles, dont SOS Racisme, la Licra, la Ligue de football professionnel ou encore l'Olympique lyonnais qui, par la voix de son avocat Clément Durez, a défendu la volonté du club
"d'éradiquer le fascisme et le racisme des stades de football"
, alors qu'il est régulièrement pointé du doigt pour des débordements d'extrême droite de ses supporters.
Le vice-procureur Nicolas Ruby a lui estimé que les deux prévenus possédaient un
"casier judiciaire de voyous".
Il a rappelé qu'ils avaient déjà été condamnés en 2012 pour avoir volé des équipements à des supporters de l'AS Saint-Etienne puis plus récemment pour des faits de violences en réunion, pour lesquels l'un d'eux avait écopé de huit mois de prison avec sursis.
La décision a été mise en délibéré au 12 mars.
Ces incidents en tribunes provoqués par des supporters lyonnais n'avaient été qu'une partie des débordements qui avaient entraîné le report de l'Oympico, finalement rejoué le 6 décembre (victoire 3-0 de l'OM).
Deux autres enquêtes judiciaires avaient ainsi été ouvertes par le parquet de Marseille pour
"violence volontaire en réunion"
après les caillassages du bus des joueurs lyonnais, lors duquel l'entraîneur lyonnais de l'époque Fabio Grosso avait été blessé, et d'un bus de supporters lyonnais.
Mi-décembre, un supporter lyonnais avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Marseille pour des violences et outrages contre des CRS.
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