Ahmed Othmane a dû se résoudre à vendre deux de ses véhicules pour financer la récolte de sésame sur sa grande exploitation, dans l'Etat de Gedaref, épargné par les combats qui ravagent le Soudan mais confronté à des pénuries de liquidités et de main-d'oeuvre.
Gedaref, dans l'est du pays, est le grenier à maïs du Soudan, une denrée essentielle pour une population au bord de la famine.
Sur sa vaste exploitation, Ahmed Othmane déplore que la guerre entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui fait rage depuis un an et demi, ait restreint les déplacements des travailleurs entre régions, et par là la main-d'oeuvre disponible.
Sur ses trois véhicules, il a cédé une camionnette et une voiture pour acheter du carburant destiné à ses machines agricoles et payer ses travailleurs.
La plupart des travailleurs provenaient de régions désormais en proie à la guerre, ou accessibles par des routes traversant des zones de combat.
La guerre oppose depuis avril 2023 les FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo, à l'armée, conduite par le général Abdel Fattah al-Burhane, le dirigeant de facto du pays.
Pour parer au manque de main-d'oeuvre, M. Othmane a fait appel à des réfugiés éthiopiens.
C'est aussi le cas de Souleimane Mohamed, une autre cultivateur de la région. "Le manque de travailleurs a entraîné une hausse des salaires, ce qui nous pousse à faire appel aux travailleurs présents dans la région, principalement éthiopiens", soupire-t-il.
Une récolte compromise
Othmane Abdelkarim, agriculteur à Gedaref, explique que certains de ses confrères ont déjà dû abandonner la saison.
Cette crise retardera la récolte et altérera la qualité.
Selon le ministère de l'Agriculture de l'Etat, neuf millions d'acres y ont été cultivées cette année, dont cinq millions en maïs, le reste étant consacré aux cultures de sésame, de tournesol, d'arachide et de coton.