Après quelques premiers pas hésitants, les jambes engourdies par 20 heures passées dans un conteneur, trois chevaux de Przewalski détalent au galop dans la steppe kazakhe, terre d'origine de cette espèce menacée.
Ces chevaux, partis par avion de Prague le 3 juin, sont les premiers d'une quarantaine qui doivent être relâchés dans les cinq prochaines années dans ce pays d'Asie centrale grand comme cinq fois la France, dans le cadre d'un projet de réintroduction mené avec les zoos de Prague et Berlin.
Car ce cheval trapu à la tête massive est capable de résister aux hivers particulièrement rigoureux du centre du Kazakhstan, où la température peut tomber sous les -30 degrés Celsius, moyennant peu de nourriture.
Les trois pionniers arrivés cette semaine - nommés Zorro, Ypsilonka et Zeta II, ont été rejoints le jour suivant par quatre congénères venus de Berlin - seront d'abord sous observation dans la réserve naturelle de la "Steppe d'or", avant de goûter à la liberté totale.
Mais ce périple de quelque 5.000 kilomètres jusqu'au cœur de la steppe, à quelque 600 km de la capitale Astana, d'abord en avion militaire jusqu'à Arkalyk puis en camion sur des routes cahoteuses, n'est pas sans risque pour les animaux.
Malgré la surveillance constante des spécialistes, un des chevaux partis de Prague s'est ainsi assis dans son conteneur avant même le décollage, lui faisant risquer un arrêt de la circulation sanguine au niveau des jambes.
Le cheval de Przewalski, à la crinière courte et au pelage allant du blanc sur le ventre au marron foncé sur le dos, reste sur la liste rouge de l'Union pour la conservation de la nature (UICN) des espèces menacées.
Perpétuée grâce aux quelques spécimens subsistants dans des zoos européens, la population mondiale de Przewalski compte désormais quelque 2.000 têtes, réintroduites en milieu naturel essentiellement en Chine et en Mongolie, mais aussi dans le sud de la France, en Russie et... dans la zone d'exclusion de Tchernobyl.
Au Kazakhstan, le cheval de Przewalski n'est pas la seule espèce en danger à faire l'objet d'une attention particulière.
L'antilope saïga, un temps au bord de la disparition, a vu sa population augmenter avec succès après la mise en place d'une politique de protection par les autorités kazakhes avec l'Association pour la sauvegarde de la biodiversité au Kazakhstan.