Le but de l'attaque inédite sur des infrastructures du gazoduc est de "suspendre les livraisons de gaz vers les pays européens" via TurkStream, une conduite essentiellement sous-marine en mer Noire, selon l'armée russe.
La Russie a accusé lundi l'Ukraine d'avoir attaqué par les airs et sans succès des infrastructures du gazoduc TurkStream, la seule conduite d'acheminement de gaz russe menant vers l'Europe depuis l'arrêt du transit le 1er janvier via le territoire ukrainien.
Le secteur énergétique est un champ de bataille clé du conflit: depuis près de trois ans, la Russie est amputée d'importants revenus, le marché européen du gaz s'étant en grande partie refermé en représailles à l'assaut russe.
Les forces russes s'en prennent, quant à elles, régulièrement aux installations énergétiques ukrainiennes.
"Le régime de Kiev a tenté d'attaquer avec neuf drones"
une station de distribution du gazoduc TurkStream dans la région de Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, a affirmé lundi l'armée russe.
Selon cette source, tous les appareils ont été abattus et la station de compression située dans la localité de Gaï-Kodzor reste fonctionnelle. Un bâtiment et quelques équipements ont été légèrement endommagés par les débris d'un drone abattu.
Cette attaque
"est essentiellement une continuation du terrorisme énergétique que Kiev poursuit, apparemment sous la tutelle d'amis étrangers"
, a dénoncé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une référence aux Etats-Unis. Et de poursuivre:
Les bénéficiaires de tout cela sont les États-Unis d'Amérique, qui augmentent considérablement et constamment leur approvisionnement en gaz liquéfié vers les marchés européens (...) à des prix très, très élevés.
D'après l'armée russe, le but de cette attaque inédite était de
"suspendre les livraisons de gaz vers les pays européens"
via TurkStream, une conduite essentiellement sous-marine en mer Noire.
Fico veut une "négociation"
L'Ukraine n'a fait aucun commentaire, mais a appelé à maintes reprises à juguler la manne pétrolière et gazière qui permet à la Russie de financer son offensive.
Inaugurée en 2020, TurkStream est capable de transporter chaque année 31,5 milliards de m3 de gaz et relie le sud de la Russie à la Türkiye. De là, elle permet au géant gazier Gazprom d'alimenter l'Europe du sud-est et du sud, en particulier la Hongrie et des pays des Balkans.
Cette conduite est devenue d'autant plus importante pour Moscou et ses derniers clients européens que le transit gazier via l'Ukraine a été stoppé le 1er janvier. Depuis, TurkStream est le seul gazoduc opérationnel reliant les territoires russe et européen.
Budapest, un des rares alliés européens de la Russie, a dénoncé une attaque contre un système
"essentiel à l'approvisionnement en gaz naturel de la Hongrie et de l'Europe centrale".
"Toute action qui menace la sécurité de notre approvisionnement en énergie doit être considérée comme une atteinte à la souveraineté"
, a jugé sur Facebook le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto.
L'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine inquiète plusieurs pays d'Europe de l'est, en particulier la Slovaquie.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico a ainsi invité lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky à une
en Slovaquie sur les
"discussions techniques possibles"
pour rétablir le transport de gaz russe vers son pays.
"Ok. Venez à Kiev vendredi"
, lui a répondu M. Zelensky dans un court message sur X.
Conséquence de la forte réduction du marché européen pour ses exportations et des difficultés financières qui en résultent, Gazprom envisage désormais de vastes licenciements à son siège de Saint-Pétersbourg, selon une lettre interne dont l'authenticité a été confirmée par un porte-parole à l'AFP.
L'Union européenne, pour sa part, dit vouloir s'affranchir de tout gaz naturel en provenance de Russie à l'horizon 2027.
En attendant, les Vingt-Sept se font toujours livrer, en quantité importante, du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, importé par méthaniers.
Ils achètent également du GNL aux Etats-Unis. Ces derniers ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions à l'encontre de plus de 180 navires russes ou assimilés, ainsi que de grandes compagnies pétrolières, dont Gazprom Neft et Surgutneftegas.
"De telles décisions ne peuvent pas ne pas conduire à une certaine déstabilisation des marchés internationaux de l'énergie"
, a estimé lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Sur le front, l'armée russe continue d'avancer dans l'est. Elle a revendiqué lundi la prise du village minier de Pichtchané, près de Pokrovsk, une ville importante pour la logistique de l'armée ukrainienne.
L'un des chefs de l'administration prorusse dans l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, a quant à lui déclaré à la télévision russe Rossiya 24 qu'un vaste gisement de lithium, un minerai rare, situé près de la ville de Kourakhové, se trouvait désormais sous le contrôle des troupes russes.
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