Une délégation birmane rend visite aux Rohingyas au Bangladesh pour un projet de rapatriement

18:4625/05/2023, jeudi
MAJ: 26/05/2023, vendredi
AFP
La délégation birmane s'est rendue au Bangladesh dans le cadre d'un projet de rapatriement de Rohingyas. Crédit photo: AGENCE FRANCE PRESSE
La délégation birmane s'est rendue au Bangladesh dans le cadre d'un projet de rapatriement de Rohingyas. Crédit photo: AGENCE FRANCE PRESSE

Une délégation du gouvernement birman est arrivée au Bangladesh jeudi dans le cadre d'un projet pilote de rapatriement d'un millier de Rohingyas, actuellement réfugiés dans des camps bangladais, dans leur région d'origine en Birmanie. 

Le Bangladesh accueille environ un million de Rohingyas dont quelque 750.000 ayant fui en 2017 une campagne de répression par l'armée birmane, qui fait l'objet d'une enquête pour
"actes de génocide"
devant la Cour internationale de justice (CIJ).

La délégation de 14 fonctionnaires birmans, tous en civil, est arrivée par bateau dans la ville frontalière bangladaise de Teknaf jeudi matin et n'a fait aucun commentaire à la presse, a indiqué un journaliste de l'AFP sur place. 

Shams ud Douza, commissaire adjoint aux réfugiés du Bangladesh, a déclaré à l'AFP que les délégués s'entretiendraient avec des Rohingyas qui doivent être rapatriés, qualifiant cette visite de
"mesure de confiance"

La Birmanie et le Bangladesh envisagent de rapatrier environ 1.100 Rohingyas dans l'État Rakhine, leur région d'origine ravagée par la violence, en dépit de fortes réserves exprimées parmi les réfugiés.

Selon eux, aucune réponse n'a été apportée à leurs questions concernant leur sécurité ou la reconnaissance de leur droit à la citoyenneté en Birmanie.


Mohammad Selim, un des Rohingyas qui a rencontré jeudi les membres de la délégation birmane, a déclaré à l'AFP leur avoir fait part de plusieurs revendications. 


"Nous avons dit que nous devons retourner dans notre propre maison ancestrale. Nous leur avons dit qu'ils devraient nous donner la citoyenneté. Mais ils ont dit qu'ils nous donneraient la NVC
(carte de vérification nationale)
, qui n'est pas la citoyenneté"
, a raconté M. Selim joint par téléphone.

Ils l'ont dit à plusieurs reprises. Nous ne pouvons en aucun cas leur faire confiance.

Bien qu'installés en Birmanie depuis des générations, la plupart des membres de cette minorité musulmane sont apatrides et n'ont accès ni à la santé ni à l'éducation dans ce pays à majorité bouddhiste, que l'armée gouverne depuis le coup d'Etat du 1er février 2021.


Vingt Rohingyas ont visité deux camps de réinstallation ce mois-ci à Rakhine, où la junte birmane prévoit de les loger sur des terres qui, selon des experts, ont appartenu aux Rohingyas pendant des générations avant d'être confisquées. 


"Nous n'avons pas de représentant permanent dans ce processus de rapatriement"
, a déclaré à l'AFP Khin Maung, un dirigeant rohingya. Et d'ajouter:

Ce processus de rapatriement n'est que de la poudre aux yeux. Puisqu'ils n'ont pas garanti notre dignité, il n'y a aucune raison de retourner dans des camps de déplacés intérieurs.

Un Rohingya, dont le rapatriement est prévu dans le cadre du projet pilote, a déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, qu'il ne voulait pas retourner en Birmanie
"en tant qu'apatride dans des camps de déplacés intérieurs"
.

"Notre place devrait nous être rendue, notre droit de vivre comme les autres groupes ethniques devrait être légalement garanti. Sinon, nous ne pouvons pas croire les massacreurs"
, a-t-il ajouté. 

"Que ferons-nous dans des camps de déplacés ?"
, interrogeait Semon Ara, réfugié de 53 ans
, "nous sommes des citoyens de Birmanie, pas des invités. La Birmanie devrait nous restituer nos droits et nous rapatrier"
.

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