Crédit Photo : LUIS TATO / AFP
Une plaque commémorative des mémoriaux du génocide rwandais, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, est visible avant les commémorations du 30e anniversaire du génocide au Mémorial du génocide de Kigali, le 5 avril 2024.
Convaincu de la gravité de son implication dans le génocide de 1994 contre les Tutsis, un Rwandais de 75 ans, Venant Rutunga, a été condamné à 20 ans de prison pour complicité, ont rapporté jeudi des médias officiels.
Rutunga avait été extradé des Pays-Bas vers le Rwanda en 2021, où il a été jugé pour des massacres qu'il aurait ordonnés il y a plus de 25 ans. Selon l'accusation, citant des témoins, il aurait fait venir des policiers à l'ISAR, l'institut de recherche agricole où il était directeur régional, pour éliminer les employés tutsis et ceux cherchant refuge sur place.
Persuadée de sa culpabilité, la justice rwandaise a condamné
"Venant Rutunga à 20 ans de prison pour son implication dans le génocide de 1994 contre les Tutsis"
et l'a reconnu
"coupable de complicité de génocide",
selon le journal
Initialement, Rutunga faisait face à trois chefs d'accusation: génocide, complicité de génocide et complicité d'extermination en tant que crime contre l'humanité. Cependant, les juges ont estimé que les preuves n'étaient pas suffisantes pour prouver qu'il avait participé directement aux meurtres ou fourni des armes.
Convaincu de son innocence, Rutunga avait plaidé non coupable, affirmant qu'il avait appelé les agents pour assurer la sécurité de l'ISAR, avec l'approbation du conseil d'administration de l'institution.
Les procureurs avaient requis la perpétuité, mais Rutunga n'a montré aucun signe d'émotion lors de la lecture de la sentence. Son avocate, Me Sophonie Sebaziga, a indiqué qu'elle discuterait avec son client d'un éventuel appel.
Arrêté aux Pays-Bas en 2019 après un mandat d'arrêt émis par le Rwanda, Rutunga a été l'une des nombreuses personnes poursuivies pour leur rôle dans le génocide rwandais, qui a coûté la vie à plus de 800 000 personnes entre avril et juillet 1994.
Rwanda: 30 ans de traumatismesAgatha, une Rwandaise violée pendant le génocide de 1994, et Agnès, sa fille née après le calvaire de sa mère, partagent certains de leurs souvenirs douloureux de cette période traumatisante et des années qui ont suivi, alors que le Rwanda s'apprête à commémorer les 30 ans de ces 100 jours sanglants qui ont fait plus de 800.000 morts.
"Personne ne croyait qu'il allait continuer à vivre parce qu'on avait vécu quelque chose de terrible", dit Agatha. "Le côté de ma mère (Tutsi) m'appelait Interahahmwe, "une génocidaire", et le côté de mon père (Hutu) me traitait de serpent. Entre les deux, je ne savais pas qui j'étais", dit Agnès.
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