Ankara et Washington s'accordent sur cette déclaration ! Le PKK va-t-il déposer les armes ?

13:291/01/2025, mercredi
Yahya Bostan

L'ironie du sort. Il y a environ dix ans, l'organisation terroriste PKK avait mis fin au processus de paix en invoquant la menace de Daech à Kobané (Ayn al-Arab). En réalité, à cette époque, les États-Unis avaient commencé à collaborer avec le PKK, et l'organisation s'était lancée dans son rêve de créer un État en Syrie. Au cours de la décennie écoulée, le PKK a gagné du terrain en Syrie mais a été expulsé de Turquie et a perdu son influence en Irak. Aujourd'hui, la question se pose pour la Syrie,

L'ironie du sort. Il y a environ dix ans, l'organisation terroriste PKK avait mis fin au processus de paix en invoquant la menace de Daech à Kobané (Ayn al-Arab). En réalité, à cette époque, les États-Unis avaient commencé à collaborer avec le PKK, et l'organisation s'était lancée dans son rêve de créer un État en Syrie. Au cours de la décennie écoulée, le PKK a gagné du terrain en Syrie mais a été expulsé de Turquie et a perdu son influence en Irak. Aujourd'hui, la question se pose pour la Syrie, en particulier pour Ayn al-Arab.


Dans ce contexte, le PKK redoutait la normalisation des relations entre Ankara et Damas (et observait également avec inquiétude les discussions entre Ankara et Washington). Les élections locales organisées par le PKK en juin dernier s'expliquent par ces préoccupations. Mais depuis, le régime d'Assad a été renversé, et les relations entre Ankara et Damas ont franchi un nouveau cap. L'organisation mesure les conséquences de cette situation.


Dans ces circonstances, deux dynamiques principales se manifestent:

1. Les développements amorcés par la poignée de main entre le leader du MHP, Devlet Bahçeli, et les représentants de DEM au parlement, le 1er octobre.

2. Les échanges entre le PKK/YPG (via les FDS) et Damas.


Le PKK suit une stratégie similaire en Syrie et à Kandil, dévoilant progressivement ses intentions. Voici les détails, en commençant par la Syrie.


LES FDS ACCEPTENT LE CADRE, MAIS...


En Syrie, une partie d’échecs complexe se joue. Le régime de Damas s'appuie sur l'expertise d'Ankara, tandis que le PKK/FDS bénéficie du soutien stratégique américain.


Le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a défini les attentes d'Ankara en Syrie:

- Les cadres non syriens du PKK doivent quitter le pays.
- Toute la chaîne de commandement des YPG, syriens compris, doit partir.
- Ceux qui restent doivent déposer les armes.
- L'organisation doit se dissoudre d'elle-même, ou sera dissoute par la force.

Fidan a également déclaré le 22 décembre:


La Syrie doit se débarrasser de Daech et du PKK/YPG

De son côté, le leader syrien Ahmad Chara a affirmé :
"Toutes les forces armées seront démantelées"
, incluant explicitement le PKK. Après ces déclarations, Damas a conclu des accords avec toutes les factions (excepté le PKK/FDS).

L'organisation terroriste observe cette dynamique et ajuste sa position. Son chef, Mazloum Abdi, a reconnu la présence du PKK en Syrie et proposé la création d’une zone démilitarisée à Ayn al-Arab sous supervision américaine (17 décembre). Bien qu’il n’ait pas explicitement déclaré vouloir déposer les armes, il a évoqué une possible intégration des FDS au sein de l’armée syrienne.


Chara a confirmé le 29 décembre que des négociations étaient en cours pour intégrer les FDS aux forces armées syriennes.


QUE COMPREND-ON DE CES ÉVÉNEMENTS?

Le PKK/FDS semble progressivement accepter le cadre imposé par Ankara et Damas, car il réalise qu’il ne peut pas gagner par la force. Cherchant à éviter des opérations militaires, l’organisation mise sur des négociations pour jouer sa dernière carte. Son objectif, révélé à demi-mot par Abdi, est une Syrie
"décentralisée"
, autrement dit, une structure fédérale. Cependant, il est peu probable qu’Ankara ou Damas acceptent cette idée.

AVANT ET APRÈS LA SYRIE


L'appel lancé par Bahçeli pour qu’Öcalan déclare la dissolution du PKK survient dans un contexte de changements profonds. Après des années de stagnation, la situation sur le terrain évolue rapidement avec le départ d’Assad et la nouvelle donne en Syrie.


Le 17 décembre, Murat Karayılan, chef du PKK, exprimait son inquiétude face aux opérations militaires :
"Les attaques contre nos forces se poursuivent..."

Quelques jours plus tard, une délégation de DEM a rencontré Öcalan à Imrali. Celui-ci aurait déclaré être prêt à prendre "
les mesures nécessaires"
pour appeler à déposer les armes. DEM, optimiste, a annoncé des déclarations pour début 2025.

DÉPOSER LES ARMES OU ÊTRE DÉMANTELÉ


Le PKK, sous pression, pourrait chercher à utiliser ce processus pour obtenir une pause dans les opérations militaires. Cependant, cette option est irréaliste. Ce que l’on attend d’Öcalan, c’est un appel clair à la dissolution de l’organisation, suivi par Kandil.


Les conditions pour l’élimination de l’organisation terroriste semblent réunies. Lors des discussions avec les États-Unis, Ankara a insisté sur l’importance de travailler avec des
"partenaires légitimes"
pour combattre Daech, excluant ainsi le PKK/FDS. La question reste donc ouverte:
le PKK déposera-t-il les armes de lui-même ou sera-t-il contraint de le faire par la force?
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