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Niger: un an après avoir été renversé, le Président Mohamed Bazoum toujours prisonnier

Un an après le coup d'Etat qui l'a renversé, le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, reste prisonnier du régime militaire au pouvoir à Niamey, dans des conditions de détention strictes et avec la perspective d'un procès qui inquiète ses proches.

17:56 - 23/07/2024 mardi
AFP
Le président nigérien déchu Mohamed Bazoum s'exprime lors de l'inauguration de la raffinerie de pétrole et de produits pétrochimiques Dangote à Lagos, le 22 mai 2023.
Crédit Photo : PIUS UTOMI EKPEI / AFP (Archive)
Le président nigérien déchu Mohamed Bazoum s'exprime lors de l'inauguration de la raffinerie de pétrole et de produits pétrochimiques Dangote à Lagos, le 22 mai 2023.

Le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum a été renversé par le général Abdourahamane Tiani, le chef de sa garde présidentielle. Élu en 2021, Bazoum n'a jamais démissionné et revendique toujours son statut de président du Niger.


Conditions de détention


Depuis le jour du coup d'Etat, Mohamed Bazoum est maintenu avec son épouse Hadiza, dans sa résidence présidentielle, au sein du palais, à Niamey. Sa dernière apparition publique date du 19 août 2023, lors d'une visite de médiation nigériane diffusée par la télévision nationale.


Les conditions de détention de Bazoum se sont durcies en octobre, lorsque le régime militaire l'a accusé de tentative d'évasion, une version rejetée par ses avocats. Actuellement privé de ses téléphones, Bazoum ne reçoit la visite de son médecin que deux fois par semaine.

Son conseiller en communication, Hamid N'Gade, a affirmé à l'AFP que, physiquement, Bazoum et sa femme vont bien et qu'ils gardent un moral élevé.
"Le président est engagé à continuer sa résistance. C'est un homme de conviction, un républicain convaincu. Démissionner, pour lui, ça n'a pas de sens"
, a-t-il déclaré.

En janvier, son fils Salem Bazoum, également détenu, a été libéré provisoirement et a quitté le Niger pour le Togo.

Accusations et poursuites


Le régime militaire accuse Mohamed Bazoum de
"complot d'attentat à la sécurité et l'autorité de l'Etat"
et de
"crime de trahison"
. Il lui est notamment reproché d'avoir sollicité l'appui du président français Emmanuel Macron et du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken pour une intervention armée lors du coup d'Etat.

Malgré une décision de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) ordonnant sa libération mi-décembre, Bazoum reste détenu. Le Niger a depuis quitté la Cedeao, et en juin, la Cour d'Etat du Niger a levé son immunité présidentielle, ouvrant la voie à un procès potentiel.

Procès imminent ?


Aucune date n'a encore été fixée pour le procès de Mohamed Bazoum, mais les peines encourues sont sévères.
"Le crime de trahison c'est la peine de mort par fusillade, encore en vigueur au Niger même si elle n'est plus exécutée depuis trente ans. Et pour complot contre l'autorité de l'Etat, c'est la perpétuité",
alerte Moussa Coulibaly, ancien bâtonnier du Niger et avocat de Bazoum.

Un procès permettrait à Bazoum de s'exprimer publiquement pour la première fois depuis le coup d'Etat. Toutefois, ses avocats craignent une parodie de justice.
"C'est une juridiction d'exception qui ne répond à aucune des garanties fondamentales pour le droit à un procès équitable. On n'accepte pas les simulacres de procès",
prévient Me Diagne.

Soutiens internationaux et nationaux


Après le coup d'Etat, de nombreuses chancelleries occidentales ont appelé à la libération immédiate de Bazoum. La Cedeao a imposé des sanctions économiques au régime de Niamey et menacé d'une intervention militaire, sans suite. En février, les sanctions ont été levées.


Mardi, la France a réitéré sa demande de libération inconditionnelle de Bazoum.
"Cela fait un an qu'il est retenu prisonnier dans des conditions scandaleuses"
, a déclaré Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Cependant, les réactions internationales se font rares.
"Nous n'avons pas de commentaire (sur la situation de Bazoum), nous n'interférons pas dans les décisions politiques de nos Etats membres",
a affirmé un porte-parole du FMI.

Au Niger, des mouvements rebelles réclamant le retour au pouvoir de Bazoum ont récemment revendiqué des attaques contre un important oléoduc.


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